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Philippe VERGNES 8 juin 2013 10:05

Bonjour Emmanuel MULLER,

J’ai lu votre article avec beaucoup d’émotions et j’imagine fort bien le ressenti que vous devez éprouver pour nous faire part aujourd’hui de votre témoignage.

Je pense également en comprendre la démarche et si je me permets de poster sous votre article ce n’est que pour vous préciser quelques points au sujet de la conclusion que vous émettez : « Après la reconnaissance de la douleur, celle des effets secondaires de sa non-prise en charge n’est pas encore à l’ordre du jour ».

Ce qui n’est pas faux, mais n’est pas tout à fait juste non plus.

Je m’explique : les effets secondaires de la souffrance des enfants en bas âge sont désormais très bien connus et même s’ils continuent à être étudiés de près, les résultats des recherches entreprises jusqu’à maintenant sont à même de permettre des prises en charge adaptées aux développements des futurs adultes. Quelques précurseurs se battent pour, justement, faire en sorte que ce problème soit pris en considération. Et en cela, votre conclusion est fausse.

Mais le problème n’est pas tant dans la reconnaissance du traumatisme subit que dans la volonté politique nécessaire à ce type de prise en charge. Ceci est un long, long, long très long débat et un combat quotidien, car la prise de conscience par notre société des conséquences délétères d’un ESPT (états de stress post-traumatique, il en existe plusieurs sortes) sur une personne et des coûts faramineux que cela génère pour notre société tout entière est quelque chose de si subjectif, de si complexe, que nos élus, dirigeants, représentants, etc., ont du mal à percevoir l’importance de ce fléau. C’est pourtant LE problème majeur de notre civilisation au-delà de tout autre. Dernièrement, un rapport du Sénat à fait état du coût annuel de 107 milliards d’euros que représente, pour la France, non pas les maladies mentales, mais les troubles de la personnalité dont près de 30 % de la population serait touchés. Or, en très grande majorité, les troubles de la personnalité sont occasionnés par des ESPT, et notamment des EPST précoces, que très peu de personnes ont appris à déceler, à diagnostiquer et à traiter. Il existe plusieurs disciplines qui s’intéressent à cette problématique, mais malheureusement, les formations en France sont encore trop éphémères pour que les choses évoluent rapidement et il faudrait une réelle volonté politique (qu’il n’y a pas encore au jour d’aujourd’hui) pour que ce phénomène puisse être sérieusement pris en charge. Et en cela votre conclusion est juste.

Ce qui n’interdit pas de poursuivre la lutte pour une meilleure reconnaissance de ce fléau.
Bonne journée


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