Entrons dans une classe, une classe qui ressemble à neuf classes sur dix.
Là, interros à tour de bras.
Chacun pour soi. Zéro pour celui qui lorgne sur son voisin…ou qui l’aide.
La loi du prince : contrôle annoncé ou par surprise, questions
faciles ou difficiles, ouvertes ou fermées, de réflexion ou de
restitution, temps de réponse long ou court, compétition diffuse ou
montée en épingle, prof rassurant ou ajoutant du stress, proclamation
des résultats discrète ou publique, sans commentaires ou avec jugements
énoncés.
Mais ce qui est grave, c’est que ces questionnaires sont notés,
c’est-à-dire que le professeur non seulement choisit les questions de
manière souverainement partiale mais il les pondère à sa guise : telle
réponse vaut tant de points selon des critères qu’il suce de son pouce
puisqu’il n’a jamais appris à construire un questionnaire ni à
l’apprécier.
Pourquoi ces manières ?
C’est clair comme de l’eau de roche : pour camoufler les carences
habituelles de l’enseignement. La faute est mise sur l’apprenant « qui n’avait qu’à étudier au lieu de… »,
sans dévoiler si l’enseignant passionne ou ennuie ses élèves. Car si le
cours est comme un scénario captivant, avec un metteur en scène,
la motivation est alors intrinsèque, dès lors nul besoin de motivation
d’excitation pour pousser à la recherche, finies les menaces et les
promesses de récompenses, les dénonciations, la mésestime de soi. Plus
(guère) de redoublements........
Mais dans plusieurs classes sur dix, les cours sont tellement ennuyeux,
(centrés sur une transmission magistrale que les élèves jugent plus
maladroite que dans les émissions de Arte, par exemple), que là, si
l’on supprimait la motivation externe, plus aucun élève n’étudierait ;
l’école ajoute la peur comme moteur d’action. C’est donc aux
professeurs qui font beaucoup échouer leurs élèves qu’il faudrait
donner des heures de rattrapage pédagogique