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(---.---.21.75) 5 octobre 2006 16:56

Dur avec la violence, dur avec les causes de la violence. Ce slogan bravache barrait la une du numéro d’avril du Bulletin des socialistes, réservé aux adhérents du parti.

C’était un mois avant les glapissements sécuritaires de Ségolène Royal. Tony Blair devrait réclamer des royalties : en 1992, il s’était hissé à la tête du Parti travailliste en martelant « dur avec le crime, dur avec les causes du crime ». On a vu pour le crime (plus de prisons privées) et on a vu pour les causes (plus d’inégalités sociales)...

Question plagiat, les socialos sont très bons. Se couvrant du gyrophare qui éblouit l’air du temps, ils consacrent toutes les dix pages de leur feuille de chou à « l’insécurité » et aux moyens d’y remédier. On feuillette, on survole les titres : « La sécurité à gauche ! », « Insécurité : toujours plus de violences », « Violences urbaines : cinq mois après les émeutes », « Militant d’une police démocratique »... En une, sous la plume de Delphine Bato, secrétaire nationale du PS chargée de la sécurité, on lit : « Combattre la violence sera une priorité de notre projet. Nous proposerons aux Français de rétablir la sécurité durable en étant dur avec la violence, et dur avec les causes de la violence. » Bien vu, le concept de « sécurité durable », manifestement copié sur le développement du même nom : au PS, ils doivent penser que le réchauffement de la planète est dû aux voitures qui brûlent. Ils vont obliger les flics à acheter leurs flash-balls au rayon bio ?

Dur avec la violence... Pour ça, on leur fait confiance.

C’est le PS qui a créé la BAC, voté la loi sécurité quotidienne (LSQ, ancêtre de la LSI de Sarkozy), mis au point les contrats locaux de sécurité (CLS, qui inspirent en partie l’actuel projet de loi de « prévention de la délinquance »).

Quand la maritorne Royal parle de sucrer leurs allocs aux familles pauvres dans lesquelles un gosse a fauté, ou d’encadrer les jeunes délinquants avec des bidasses, il faut toute la consanguine idiotie des médias français pour crier à la « révolution culturelle », au « tabou levé », au « vent nouveau ». Il est vrai que ce vieux vent-là ne souffle que par et pour les médias.

Sans les médias, pas de Royal. Ça aussi, c’est une violence qui demanderait à être traitée durement : le manque absolu de scrupules avec lequel une clique de plumitifs encruchés couronnent leur favorite. Ils nous font un coup d’État façon Star Ac, ces nazes !

Contrairement à ce que dit la pub, ce n’est pas le désir qui nous possède, mais bien la peur. Et qui a peur de quoi ?

« Les policiers pensent que les grèves du printemps ont privé de repères les jeunes les plus fragiles », analyse La Provence en conclusion d’une pleine page de violences juvéniles, avec ou sans portable.

Pas un mot du matraquage d’étudiants sur le campus et devant le tribunal d’Aix. Alors, qui a peur de qui ? Cette société vit dans la crainte des conséquences de sa propre folie. Ils ont peur de nous et voudraient que nous ayons peur avec eux et contre nous, c’est-à-dire les uns des autres. Mais c’est bien eux qui nous foutent la trouille. Eux et leur crainte de n’avoir plus que la peur pour nous gouverner. Dur avec la violence ? Pour comprendre tout ce que cette formule veut dire en tant que programme de gauche, il faut se souvenir des années où cette même gauche dirigeait le pays.

En décembre 1997 mourait d’une balle policière dans la nuque un jeune de Dammarie-lès-Lys, Abdelkader Bouziane, 17 ans. Il roulait à 36 km/h quand le policier a fait feu. Alors qu’il agonisait, les flics ont extirpé son passager pour le tabasser sur le bitume. Le lendemain, et alors qu’aucun policier ni témoin n’avait encore été interrogé, le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement certifia à la télé qu’il s’agissait d’un « cas de légitime défense ». L’affaire sera classée sans suite. « Faut pas se leurrer, quand il s’agit des quartiers ou des jeunes issus de l’immigration, le ministère de l’Intérieur appartient toujours à la droite extrême, quel que soit le gouvernement en place. D’ailleurs, personnellement, mes pires galères, je les ai connues sous la gauche », remarque Samir, de l’association Bouge qui bouge, un « ancien » des émeutes qui enflammèrent Dammarie après la mort d’Abdelkader. Des émeutes pareilles à celles de novembre dernier à Clichy. Et les causes de la violence, alors ? Les injustices qui s’étalent, les patrons qui engrangent, le règne des inégalités, le diktat de la gagne, pour tout ça on fait quoi, chef ? Eh, j’ai une idée ! On n’a qu’à abaisser le coût du travail dans les PME !

Publié dans CQFD n°35, juin 2006


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