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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 18 septembre 2013 14:26

Merci Philouie pour cette prise de position franche.
Les choses sont ainsi très claires : nous sommes en désaccord.
Et c’est très bien comme ça, sinon à quoi bon faire débat ?

Comme je le disais, nous sommes au point crucial à partir duquel nos représentations se croisent avec la possibilité de se rencontrer où de se manquer.

J’ai fait tout mon possible pour vous donner à entrendre que  « autre » veut toujours dire « même », de manière explicite ou tacite.
Comme j’ai le sentiment que vous

avez aimablement glissé sur mon argumentaire, pour faire bonne mesure, je recommence... :

  »J’en veux un autre" veut="veut" dire="dire">je veux un exemplaire de plus de cette chose que j’ai déjà"

(j’en veux un autre » veut dire « je veux un exemplaire de plus que cette chose que j’ai déjà,

j’en veux un autre » veut dire « je veux un exemplaire de plus que cette chose que j’ai déjà

désolé pour la répétition mais l’éditeur html de la page agoravox bugge semble-t-il)

Est-ce que je dis des bêtises, oui ou non ?
Est-ce que vous voyez qu’ici la signification essentielle du terme « autre » est bien de l’ordre de la similitude ?

En disant « j’en veux un autre », je dis bel et bien que "je veux plus de la même chose", et s’il y a une différence que véhicule le terme « autre » elle est ici complètement triviale puisqu’elle est de l’ordre de cette identification que fournirait par exemple un numéro matricule.

« Autre » est donc l’opérateur qui, au sein d’un ensemble (du latin in-simul, qui désigne donc des éléments ras-semblés car semblables sous quelque rapport que ce soit)  permet de passez d’un élément à… l’autre.

C’est une simple question de logique. Dans un ensemble tous les éléments sont semblables et, néanmoins l’un est toujours l’autre d’un autre smiley

Bref, la différence véhiculée par « autre » peut confiner au vide intersidéral et, encore une fois, se réduire au fait que l’étiquettage numérique de l’un diffère de celui de l’autre, si les choses sont bien faites.

Bien que vous balayez d’un revers de main la notion d’alter

ego, j’insiste sur le fait qu’elle a une existence qui a traversé les siècles parce qu’il s’agit d’une réalité psychologique fondamentale : celle des êtres qui, partageant tellement de choses fondamentales, en viennent à se reconnaître comme essentiellement semblables et se considèrent l’un comme l’autre comme des « alter ego ». C’est un fait, une réalité, vous ne pouvez le nier.

Vous me parliez d’être dans une impasse. Nous voilà en miroir l’un de l’autre, car c’est moi qui suit maintenant porté à vous dire que c’est vous qui êtes dans une impasse à nier l’évidence comme vous le faites.

Vous me parlez du « je », mais n’avez-vous jamais été frappé du fait que nous sommes 6 ou 7 milliards à dire « je » en parlant de nous-même ? Donc même là, nous sommes dans la plus parfaite… similitude.

Ceci étant, en dépit de l’incompatibilité apparente de nos perspectives sur la signification de « autre », je note dans vos propos des éléments qui me laissent l’espoir que l’on puisse se comprendre, à défaut de s’entendre.

En effet, vous écrivez :

« oui nous partageons le même désir, mais pour moi c’est le désir d’être Dieu en se souvenant qu’en Dieu, il n ’y a pas de place pour l’autre, ce qui veut dire, que le désir est aussi un désir d’exclusion »

Vous écrivez là quelque chose de complètement girardien car, sans peut-être vous en rendre compte, vous donnez bien à entendre que le problème des désirs, ce n’est pas leur différence mais leur mêmeté (celle qui vient de ce que les êtres sont mêmes, qu’ils s’imitent les uns les autres et ont donc, tout naturellement, les mêmes désirs).

Cette similitude des désirs, c’est elle qui fait que le conflit vient nécessairement nous dit Girard dès lors que l’objet du désir n’est pas partageable, ce qui est exactement le cas de l’exemple que vous prenez.

La signification de l’autre apparaît donc ici très clairement, c’est celle que Girard appelle le double, le parfait semblable, qui désire la même chose que moi et qui, pour cette raison même, me fait obstacle.

Sans le voir, (puisque vous vous servez du terme « autre » qui fait écran à la similitude), c’est exactement cela que vous écrivez ... :

« le fond du problème ce n’est pas que les autres sont mes semblables mais bien que les autres sont des autres et que parce qu’ils sont autres, ils sont un obstacle à mon moi à moi. L’enfer c’est les autres disait Sartre »

Ce que, sans en changer le sens, je peux reformuler de manière plus explicite comme suit... :

« le fond du problème ce n’est pas que les autres soient mes semblables mais bien qu’étant semblables à moi, ils désirent la même chose que moi et fassent obstacle à mon désir, donc à moi. L’enfer c’est ceux qui veulent la même chose que moi, mes semblables, ceux que l’on appelle aussi les autres. »

Pour finir, vous êtes presque dans le vrai quand vous écrivez ceci :

« Et si les victimes afghanes des guerres américaines n’existent pas aux yeux des américains, c’est parce qu’elles sont tellement autre qu’il n’y a plus aucune identification au moi américain. »

Cette formule vous satisfait parce que…

a) vous utilisez le terme banal d’identification sans voir qu’il recouvre TRES EXACTEMENT la signification du terme assimilation que j’utilise et que vous refusez et surtout

b) vous faites de l’absence d’identification l’effet d’une cause qui serait le fait que « les victimes afghanes ...sont tellement autres » sans voir que c’est exactement l’inverse qui est vrai.

C’est bien parce que les victimes afghanes ne sont pas assimilées à la population étasunienne, elles n’en font pas partie, elles ne sont pas considérées comme des semblables, elles ne suscitent pas d’identification, donc pas d’empathie ou de compassion qu’elles ne sont pas prise en compte, qu’elles n’existent pas aux yeux des étasuniens.

C’est la notion d’assimilation qui est porteuse d’un gradient, d’une métrique, celle-là même que JMLP a exprimé à sa façon. La notion d’autre, parce qu’elle est purement logique n’a pas de gradient. On ne peut pas dire « tellement autre » sans renvoyer par implicite à un gradient de similarité.


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