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thesmophories (---.---.36.39) 28 novembre 2006 20:32

Quelques réflexions qui remettent cette histoire dans un contexte plus large historiquement et géographiquement.

Mouammar Khadafi, Guide de la Révolution libyenne, à Tombouctou (Mali), le 10 avril 2006, diffusé par Al-Jazeera :

" Tous les peuples doivent être musulmans. Nous avons 50 millions de musulmans en Europe. Il y a des signes qui attestent qu’Allah nous accordera une grande victoire en Europe : sans épées, sans fusils, sans conquêtes. Les 50 millions de musulmans d’Europe feront de cette dernière un continent musulman. Allah mobilise la Turquie, nation musulmane, et va permettre son entrée dans l’Union européenne. Il y aura alors 100 millions de musulmans en Europe. L’Europe subit notre prosélytisme, tout comme l’Amérique. Elles ont le choix de devenir musulmanes, ou de déclarer la guerre aux musulmans ’’

Le saint coran, sourate 47 [XLVII] verset 35 [37]) : Ne montrez point de lâcheté, et n’appelez point les infidèles à la paix quand vous leur êtes supérieurs, et que Dieu est avec vous ; il ne vous privera point du prix de vos œuvres..

Revue « Choisir », Genève, 1997.

Par le R.P. Henri BOULAD jésuite égyptien, directeur de Caritas, conférencier spécialiste de l’islam

Il y a quelques années, le grand juriste égyptien Saïd el-Achmaoui publiait son fameux livre Al Islam as-syâssi, traduit en français sous le titre : « L’islamisme contre l’islam ». Dans cet ouvrage, Achmaoui cherchait à montrer que l’islamisme est une déviation, une perversion du véritable islam, dont l’orientation est uniquement spirituelle et religieuse. Je prendrai ici le contre-pied de la position d’Achmaoui en affirmant que l’islamisme, c’est l’islam ! Cette affirmation n’a rien d’arbitraire ou de fantaisiste. Elle ne relève pas d’un parti-pris ou d’une provocation, ni d’une prise de position fanatique ou intolérante, ni d’une approche volontairement négative ou réductrice. Je pense au contraire que cette affirmation est parfaitement cohérente avec l’histoire et la géographie, avec le Coran et la sunna, avec la vie de Mahomet et l’évolution de l’islam, avec ce que l’islam dit de lui-même. Je refuse la position de ceux - musulmans ou chrétiens - qui se voilent la face, jouent à la politique de l’autruche, tournent autour du pot, refusent de voir la réalité en toute objectivité, ou prennent leurs désirs pour des réalités, au nom du dialogue et de la tolérance... On dira que le problème de l’islam est plus complexe, que ma position est simpliste, simplificatrice et tend à l’amalgame. Je suis tout à fait conscient de la variété des islams. J’ai même une conférence de deux heures sur « Les six islams », où je déploie l’éventail des différents islams, depuis l’islam ouvert libéral, modéré et laïcisant, jusqu’à l’islam le plus radical, en passant par le soufisme, l’islam des confréries et l’islam populaire. Je suis parfaitement au courant de toute la tendance actuelle de l’islam laïc et laïcisant, moderne et modernisant. Je pense malgré tout que ce courant n’est guère représentatif de l’islam officiel, de l’islam orthodoxe et classique, de l’islam sunnite tel qu’il s’est toujours manifesté, tel qu’il s’est toujours voulu, tel qu’il se veut encore aujourd’hui. D’où le rejet par l’islam officiel de tous les penseurs et intellectuels qui, cherchant à réinterpréter l’islam à la lumière de la modernité, se font taxer d’hérétiques, d’apostats ou de déviationnistes. L’islamisme n’est ni une caricature, ni une contrefaçon ni une hérésie ni un phénomène marginal et aberrant par rapport à l’islam classique orthodoxe sunnite. Je pense au contraire que l’islamisme, c’est l’islam à découvert, l’islam sans masque et sans fard, l’islam parfaitement conséquent et fidèle à lui-même, un islam qui a le courage et la lucidité d’aller jusqu’au bout de lui-même, jusqu’à ses dernières implications. L’islamisme, c’est l’islam dans toute sa logique, dans toute sa rigueur. L’islamisme est présent dans l’islam comme le poussin dans l’œuf, comme le fruit dans la fleur, comme l’arbre dans la graine. Mais qu’est-ce que l’islamisme ? L’islamisme, c’est l’islam politique, porteur d’un projet et d’un modèle de société visant à l’établissement d’un état théocratique basé sur la charria, seule loi légitime - parce que divine - telle que révélée et consignée dans le Coran et la Sunna, une loi qui a réponse à tout. Il s’agit là d’un projet global et globalisant, total, totalisant, totalitaire. Car l’islam est un tout : une foi et un culte, un horizon et une morale, un mode de vie et une vision du monde. Intransigeant, il offre le salut ou la perdition. L’islam est la vérité qui ne supporte pas le doute et ses adeptes forment « la meilleure des communautés ». L’islam se veut à la fois religion, état et société - din wa dawla. Et c’est ainsi qu’il a été depuis ses plus lointaines origines. Le passage de La Mecque à Médine, qui marque le début de l’ère musulmane, l’Hégire, signifie que l’islam cesse d’être une simple religion pour devenir État et société. L’Hégire est le moment où Mahomet cesse d’être simple chef religieux pour devenir chef d’état et leader politique. Religion et politique seront désormais indissolublement liées. « L’islam est politique ou n’est rien ! », (Khomeiny). La « soumission » à Dieu, qui est le sens même du mot « islam » est aussi bien exigée du croyant que de l’État. Le pouvoir politique se voue donc entièrement à une mission religieuse. C’est l’annexion de la politique par la religion. Ce qui frappe dans l’islam, c’est son extraordinaire cohésion. Car dans l’islam se mêlent indistinctement, inextricablement, le sacré et le profane, le spirituel et le temporel, le religieux et le civil, le public et le privé. L’islam couvre et embrasse tous les aspects de la vie et de la société. C’est en ce sens que je disais plus haut que l’islam est global et globalisant, total, totalisant, totalitaire. L’idée d’un islam laïc est en soi une hérésie. Il contredit l’essence même de l’islam. L’islam est un creuset fusionnel intense qui engendre un tissu social fortement structuré et donne à une société consistance, cohésion et continuité. D’où son extraordinaire capacité d’intégration. L’islam a toujours été intégrateur, jamais intégré ; toujours assimilateur, jamais assimilé... Simplicité de son dogme, de sa morale, de ses principes. Sa souplesse, son élasticité, sa capacité quasi infinie d’adaptation, à partir d’un noyau dur, solide, irréductible. C’est cette souplesse de l’islam qui explique en partie sa foudroyante expansion tant en Afrique qu’en Asie. Ce continent, dans lequel le christianisme a pénétré six siècles avant l’islam, ne compte que 3% de chrétiens, alors qu’on évalue à près de 30% le nombre de musulmans. [Dans toute l’Afrique, mais 80% dans l’Afrique Francophone NDLR] Un dernier point : le djihâd*. Le djihâd n’est pas un aspect marginal, un accessoire de l’islam. Il constitue une des obligations du croyant. On a voulu interpréter ce terme de façon réductrice, comme si le djihâd n’était qu’un combat spirituel et intérieur, un combat contre les passions et les instincts. Non, les textes sont clairs : il s’agit bel et bien d’un combat par l’épée et ce n’est pas un hasard si l’Arabie saoudite et tel ou tel groupe islamiste représentent un glaive sur leur écusson. (voir Coran : 2.216 - 217 ; 3.157 -158 ; 3.169 ; 8.17 ; 8.39 ; 8.41 ; 8.67 ; 8.69 ; 9.5 ; 9.29 ; 9.41 ; 9.111 ; 9.123 ; 47.35 ; 59. Il y a, dans l’islam, l’idée de force, de puissance. L’islam est la religion de la force. Il s’impose souvent par la force et ne cède en général qu’à la force. C’est un fait : historiquement l’islam s’est étendu par la contrainte et la violence. Il n’est que de consulter les ouvrages de Bat Yeor pour s’en convaincre. D’ailleurs, l’islam ne divise-t-il pas le monde en deux : la demeure de l’islam et celle de la guerre - dar-al- Islaâm wa dar al-harb ** ?  L’islam a pour ambition et pour prétention de convertir l’humanité entière... Pour le musulman, il n’y a qu’une seule vraie religion : l’islam : inna-dîn ’ind-Allah al-Islâm. Le musulman a en lui la certitude d’avoir raison, de posséder la vérité. Cette conviction a pour conséquence la froide détermination d’aboutir, de réussir un jour à conquérir le monde envers et contre tout. Rien ne l’arrêtera. Car l’islam compte avec le temps. Il a le temps, il a tout le temps, il a toute l’éternité ***. Il y a dans l’islam la patience infinie du bédouin suivant sa caravane. Ça prendra le temps que ça prendra, mais on y arrivera ! Alexandrie, 1997.

Notes : *Djihad
- École malékite (Ibn Abi Zayd al-Qayrawani) :  Le djihad est une institution divine. Sa mise en œuvre par certains peut en dispenser d’autres. Nous (Malékites) affirmons qu’il est préférable de ne pas entamer les hostilités contre l’ennemi avant de l’avoir invité à adopter la religion islamique, excepté lorsque l’ennemi attaque le premier. Il a le choix entre se convertir à l’Islam et payer la taxe (jizya) ; sinon, la guerre sera déclarée contre lui.  
- École hanbalite (Ibn Taymiyyah) : Étant donné que la guerre licite est essentiellement le djihad et que son objectif est de faire en sorte que la religion devienne celle de Dieu uniquement et que la parole de Dieu soit ultime, de l’avis de tous les Musulmans, ceux qui y font obstacle doivent être combattus. Quant à ceux qui ne peuvent opposer de résistance, tels que les femmes, les enfants, les moines, les vieillards, les aveugles, les handicapés et autres, ils ne seront pas tués à moins qu’ils ne luttent par leur parole et leurs actes.  
- École hanafite (Burhanuddin Ali) :  Il n’est pas licite de faire la guerre contre quiconque n’a jamais été appelé à adopter la foi sans préalablement les enjoindre à le faire, car c’est là l’instruction donnée par le prophète à ses commandants, leur ordonnant d’appeler les infidèles à adopter la foi et également pour que les gens sachent bien qu’ils sont attaqués au nom de la religion et non pour s’emparer de leurs biens, ou pour faire des esclaves de leurs enfants, car en constatant cela, il se pourrait qu’ils soient enclins à s’épargner les tourments de la guerre (...). Si les infidèles, en recevant l’appel de la foi, ne consentent ni à l’adopter, ni à payer la capitation, alors, il appartient aux Musulmans de demander l’aide de Dieu et de leur faire la guerre, car Dieu assiste ceux qui le servent et détruit leurs ennemis, les infidèles, et il est indispensable d’implorer son aide à chaque occasion ; ce d’autant plus que le prophète nous ordonna de pratiquer de la sorte.  -École chaféite (Al-Mawardi) :  Les infidèles du domaine de la guerre (dar al-harb) sont de deux sortes : d’abord, il y a ceux que l’appel de l’Islam a atteints, mais qui l’ont rejeté et ont pris les armes. Le chef de l’armée a latitude de les combattre (...) de la manière qu’il juge la plus fructueuse pour les Musulmans et la plus préjudiciable aux infidèles. (...) Deuxièmement, il y a ceux que l’invitation à adopter l’Islam n’a pas encore atteints, quoique ceux-ci soient rares de nos jours puisque Allah a clairement manifesté l’appel de son messager. (...) Il est interdit (...) d’entamer une attaque avant d’expliquer l’invitation à l’Islam, d’informer sur les miracles du prophète et de rendre évidentes les preuves qui encourageront l’acceptation (des interlocuteurs). S’ils refusent toujours d’accepter après cela, la guerre est déclarée contre eux et ils sont traités comme ceux que l’appel a atteints.

** Il existe bien un troisième domaine, celui dans lequel les non musulmans n’ont pas encore été « invités » a se soumettre a l’islam et dans lequel le jihad ne peut donc pas être mené, il porte également un nom ou plutôt il en porte plusieurs en fonction du contexte, qui vont de « domaine de la trêve » (dar as-sulh) a « domaine de la prédication » (dar ad-daw’a). La terminologie est explicite !

*** Cf. l’extraordinaire documentaire de Robert Alaux, diffusé cet été sur la chaîne Histoire « Les Derniers Assyriens », qui montre que dans tout le Moyen Orient les chrétiens étaient encore majoritaires au XVe siècle, 1000 ans après le début de l’expansion musulmane ! (DVD vendu par Lieurac productions 2, passage des Marais 75010 tel 0144520606, [email protected])


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