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En réponse à :


Passante Passante 18 septembre 2014 11:59

Merci pour ce moment.


Comment tarir d’éloges face à ce travail, passionnant -
Soyons donc féconds par la critique.

D’abord l’on s’étonne d’entrée que les références soient sur la question si majoritairement outre-atlantiques quand on sait la fécondité de l’école Française ; nulle trace ici d’un Gernet, d’un Détienne, d’une Romilly, d’une Loraux, d’un Vernant, d’un Vidal, etc. - petits géants face auquels ni finley ni ses amis ne feraient jamais le poids.

Hélas quelles qu’en soient l’intelligence et la richesse, la suite de votre texte portera les traces de cette négligence.
Comment...

Par des choix de méthodologie, vous allez vous priver de bien des éléments précieux - au sens d’indispensables.

D’abord oui, la Cité conçue comme accident d’avion pourquoi pas, et en plus ça marche à merveille, splendeur de la démonstration...
Mais avez-vous remarqué par exemple l’absence criante de textes dans votre approche ; voyons voir... 
Economie ? L’Economique de Xénophon déjà, pas génial, tardif, mais utile rien qu’à démontrer une autre de vos négligences : la Femme.
Avec le Discours Grec il faut toujours prendre garde à ce revers : si la pédérastie n’est qu’une marge sans grande signification, c’est d’abord l’homosexualité du discours qui est en jeu, si rare, si loin la femme...

Et pourtant c’est bien la moitié de la Cité, et ce texte de Xénophon ne manque pas de s’en souvenir, dans le détail ; même si c’est encore l’oïkos, il demeure à la fondation.

Donc la femme ne passe pas soudain de Déesse civilisatrice à « âme-soeur » chez Platon, ce saut est caricatural ; non, il y a bien des classes de l’autre bord aussi : 
les filles d’Artémis pour un temps ;
les filles d’Aphrodite de métier ;
les consacrées enfin à Héra, 
celles en âge d’Athéna ;
ça n’en finit plus, 
mais où sont-elles passées ?..

Parallèlement à ce premier piège propre au Discours Grec, vous commettez hélas la maladresse de vouloir appliquer le schéma du Dharma, or cela pourrait se comprendre si le nomos n’avait pas, en interne, toute son histoire et sa philosophie ; cf. Héraclite déjà ou encore et surtout ce moment central de l’Orestie qui pose tout le débat entre Thémis et Diké, qui aurait été fort éclairant justement en matière de lecture de la Cité, voire sur le plan des changements économiques qui s’en déduisent...

Or ce revers, vous n’allez y verser qu’à cause de deux partis pris : 
-Découper un pur Apollon delphique, comme si l’étape Délos était révolue, comme si l’Apollon Fondateur de Cités et grand Législateur de la République de Platon était un détail des oubliettes ; 
-y ajouter alors, c’est d’époque, un Apollon sans Artémis ; 
-saupoudrer le tout de cette énormité de concevoir la vaste geste mythologique comme on le ferait dans un ministère de la culture de nos jours, c’est-à-dire comme un épiphénomène de surface, un accident poétique, une floraison sympathique.

Cette erreur de lecture du mythologique comme presque inessentiel à votre question vous fait alors passer outre tous les renseignements que ce Discours apporte sur la question que vous posez : 
le débat Athéna-Poséidon et ses implications ; 
le débat Poséidon-Héra autour des sources de la Fondation de la polis en lien avec la stabilisation du mariage ; 
les troublantes historiettes incestueuses à l’origine si chouette sur les monnaies athéniennes, etc., etc...

Mais ailleurs pourtant vous soupçonnez encore cette origine purement religieuse lorsque vous dites que « l’oekiste réalise d’abord un transfert religieux ».

Nietzsche disait qu’Athènes était déjà à lire comme un signe de décadence ; vous semblez le confirmer à mi-mots lorsque vous notez que « le modèle culturel et politique traditionnel s’avère désormais insuffisant pour prendre en compte ces nouvelles problématiques et y apporter des remèdes. »

Merci encore pour la promenade, tenez mes remarques pour du vice cherchant la petite bête, votre démonstration se tient, mais simplement la découpe en tranches de temps ne va hélas pas sans de sérieux sacrifices, de fondation...

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