J’ai donc choisi un autre destin, de petit grain de sable bien sur, comme tout le monde, mais pas un commun de plage qui s’ennuie sans crème solaire, juste de temps en temps piétiné par un joggeur fou qui m’enfonce dans le grand silo universel abrasif. Pas un grain de sable qui s’amuse une fois par an, quand une bande de gamins m’installent après grands travaux, au sommet d’un donjon balèze, et qu’un 4X4 géant écrase le jour suivant. Presqu’un de ces malicieux qui viennent barrer la route au champion à la une du rallye le plus célèbre du monde en bouchant son gicleur à deux cent mètres de la ligne d’arrivée.

Voilà, un plutôt tout petit, oui, qui enraye la machine infernale du progrès à tout prix, ce grain de sable récalcitrant qui vient couper la musique ronronnant du bulle dozère infernal avançant pour écraser le petites fleurs tranquilles de mon jardin. Oui, plutôt ce grain de sable idiot qui à lui seul créé le contact par lequel passe l’arc électrique qui va rejoindre les deux pôles et faire sauter l’installation au moment du bouquet final. Celui par lequel le court jus magistral va interrompre la danse de victoire des gagnants et terrasser les dominants.

J’ai décidé de tout mon choix d’emmerder le parvenu bourgeois, de lui gâcher tous les repas, de sans cesse remettre mes couilles sur la table entre le beurre et le couvercle de la soupière, chaque soirée, chaque repas, chaque concert, chakapoum, me voilà tel Belmondo dans le magnifique, mais appelez moi plutôt le tragique. Toujours prêt à fréquenter le critiquable, à venir brouiller son portable, à lui casser les pieds à fond, à réformer ses opinions, faire trébucher ses convictions, y rabâcher de mes sermons, être le grain de sable plutôt que le savon...

Celui qui pousse à réfléchir, qui met la puce à l’oreille, dit toujours pourquoi il est là, même si c’est parfois assez vague, car il n’a pas à se justifier, qui sait aussi l’écrire clairement, développant les arguments étayés seulement au devant de l’autorité, et pas ses sbires ou sous fifres, enfin le grain de sable qui veut savoir pourquoi et où on va, qui bloque la porte que le pouvoir veut refermer juste à ses pieds, juste devant lui, alors qu’il a démocratiquement porté sa voix pour un élu, et non pas arbitrairement signé pour un vendu...

Ce grain de sable qui à lui seul a bouché le port de l’Orient, a rempli sa mission première de creuser la mer d’Alafin, la vider de son eau en un tour de main, pour y faire pleurer les requins, celui qui en ses mains tient une des clé du destin de terriens, qui va en se libérant faire rencontrer l’océan et la mer morte des vivants, ce grain de sable qui a faim de justice et d’égalité,de liberté légalisée, et qui adore la partager avec ses équivalents quand il en reste, ce qui devient rare, voici ce dont je suis viscéralement fait.

Pour couper l’herbe sous le pied de cette famille dominante, de cette élite tonitruante, je n’ai qu’une seule idée, aux prochaines échéances électorales, avoir bien écouté ce qu’on à raconter les petits candidats grains de sable comme vous et moi, soutenir leur combat faire écho de ma voix, puis plutôt que prêcher auprès de convaincus du contraire ou de militants de longue date, figés sur leurs fermes décision jetées les yeux fermés, et enfin convertir un indécis à voter « petit dernier ».

Et ainsi, quand les premiers seront les derniers, nous serons enfin devant. Lisa Sion

je n’ai pas l’envergure ni l’égo insistant pour parler de moi : article refusé le 12.12.2O12.