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Dyck (---.---.79.125) 6 novembre 2006 19:30

Homme politique ou homme de pouvoir ? La question donne plutôt envie de s’esclaffer. Quelle différence ? C’est faire assaut de trop de subtilité et cela ne mène nulle part. Que serait un homme politique qui ne chercherait pas à exercer le pouvoir ? Faire de la politique c’est vouloir influer sur le cours des affaires humaines. Le pouvoir en est l’instrument. Mozart : artiste ou musicien ? La question ne provoquerait qu’un haussement d’épaules. Ceci étant dit, je partage votre analyse : les cris d’orfraie au sujet des crocs-en jambes, des coups de poignards dans le dos, des chausse-trappes et autres joyeusetés de la lutte sempiternelle pour le pouvoir, sont risibles. On dirait que ces gens n’ont jamais ouvert un livre d’histoire de France de leur vie. En outre, comme vous le faîtes justement observer, les enjeux de pouvoir s’exercent à peu près partout, avec évidemment ce lieu de prédilection qu’est ce qu’il est convenu d’appeler le monde du travail. Là où néanmoins je me sépare de vous, c’est que :
- d’une part, c’est une chose de porter un regard lucide sur l’éternel Humain, c’en est une autre de s’en accommoder au nom de la tradition ou de la nature humaine. Ce n’est pas parce qu’une chose est de longue date haïssable qu’elle est moins haïssable pour autant et qu’on ne peut pas, à tout le moins rêver, de la voir changer. Prenez, en vrac : la condition féminine, l’exploitation des enfants, l’esclavage, la torture, la prévarication au sommet de l’Etat, etc. Si un raisonnement du type : « bah, que voulez-vous, ça a toujours été ainsi ! » avait toujours prévalu, on vivrait sans doute dans une société moins supportable aujourd’hui.
- d’autre part, pour en revenir au pseudo distingo : homme politique/homme de pouvoir, vous négligez ce qui, quoi que mal formulé par l’auteur de l’article, sous-tend ce que j’ai tout de même de la peine à appeler le raisonnement. Le cas de J. Chirac servant d’illustration à l’article, on voit bien que ce qui est ici en cause c’est non pas le pouvoir mais son exercice. D’où l’opposition fallacieuse entre l’homme politique qui exercerait vertueusement le pouvoir et l’homme de pouvoir qui l’exercerait de façon corrompue. On pressent la dialectique : un homme politique, ça a des idées, un homme de pouvoir que des ambitions. Cela n’a naturellement aucun sens. Ce qui, par contre, en a c’est de souhaiter un exercice du pouvoir qui, à tout le moins, n’enfreigne pas les lois. On pourrait penser : le régime de la faveur, les détournements de fonds publics, l’assassinat politique, etc. ont toujours été pratiqués par la plupart des hommes au pouvoir, on peut cependant s’autoriser à réfléchir à d’autres modèles. Absoudre J. Chirac (ou si cette personnalisation dérange trop, mettons Mitterrand ou René Coty, peu importe) sur la foi de ce qu’ont pu se permettre en leur temps un Guillaume de Nogaret, un Mazarin ou un Talleyrand, c’est considérer que tout est objet de progrès sauf précisément cela : le pouvoir.


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