Deux remarques après avoir lu votre article.
Les commentateurs politiques partisans (presque
tous le sont) qui se répandent sur les résultats de ce scrutin manifestent un
syndrome de dissonance cognitive typique : ils se plaisent à rappeler que le
chiffre de 25% des électeurs du FN masque le fait que seul un Français sur 10
s’est déplacé aux urnes pour soutenir ce parti, en oubliant de voir que c’est à
peine plus d’un Français sur 20 qui l’a fait pour soutenir le parti politique
au pouvoir et que jamais la France sous la cinquième république (et même avant
!) n’avait été dirigée par un parti qui ne recueille que 13,93% de soutien
dans les urnes.
L’autre remarque porte sur la dissonance cognitive
aggravée dont témoignent les militants, sympathisants et amis du parti au
pouvoir, à commencer par son secrétaire général Cambadélis, qui a repris la
scie désormais coutumière des soirs d’élections marquées par une
« poussée » (comme s’il s’agissait d’urticaire) du FN : ce serait,
selon la formule qu’ils se mettent spontanément en bouche "un jour sombre
pour la démocratie". Cette formule a été émise aussi par le directeur du
Magazine Littéraire sur le plateau de France 2 dimanche soir (on se demande un peu en quelle qualité ce monsieur s’adressait aux
Français pour commenter ces résultats d’élection mais passons). "Jour sombre
pour la démocratie", déclarent-ils tous sanctimonieusement et sans
explication, en recueillant des hochements de tête grave du public invité et des
journalistes compatissants. Eh bien l’heure est venue à présent de leur
retourner leur scie et de se déclarer pleinement d’accord avec eux : le jour où
l’on apprend que le plus grand pays d’Europe est gouverné et va continuer de
l’être pendant encore trois ans par une clique d’allumés qui méprise le peuple
et ses aspirations en bénéficiant du soutien de 13,93% de
l’électorat, oui, en effet, c’est bien là un
jour sombre pour la démocratie.