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Thucydide (---.---.101.8) 8 novembre 2006 11:08

Merci pour votre appréciation, mais je préfère prévenir tout de suite que je ne suis pas très pointu en génétique, d’autant que c’est un domaine qui évolue énormément en ce moment. Je vais m’efforcer de résumer en termes simples la façon dont je vois les choses, quitte à être complété par un intervenant dont c’est la spécialité.

Du fait de leurs constantes recombinaisons, les chromosomes renferment un nombre très élevé de gènes, certains étant favorisés par la sélection naturelle, d’autres éliminés, d’autres encore, neutres ou non exprimés, subsistent au sein du patrimoine génétique sans qu’une contrainte naturelle s’exerce pour leur élimination. En effet, ce surplus d’information redondante « pèse » de façon quasi nulle dans le coût de survie d’un individu, donc, il n’a guère de raisons d’être éliminé. Il suffit de réaliser que, chez les végétaux notamment, il existe beaucoup d’espèces polyploïdes au sein d’un même genre (polyploïde = ayant multiplié le stock de chromosomes par dédoublement), et que ces espèces polyploïdes sont aussi vigoureuses voire plus que leurs parentes diploïdes, pour un nombre de caractères à peu près équivalent. Pour faire un parallèle avec l’informatique, les gènes non exprimés sont assimilables aux instructions « mises en commentaires » par le programmeur. Ces instructions « en commentaires » ne gênent pas l’exécution du programme, d’autant qu’ils ne se retrouvent pas dans le code exécutable en lui-même et ne ralentissent en aucune façon son exécution, de la même façon qu’une part du génotype ne se retrouve pas dans le phénotype. Lors d’une mise à jour, d’une maintenance ou d’une amélioration du programme, le développeur peut décider de retirer définitivement les lignes de commentaires ou, au contraire, de réactiver celles qui, en fin de compte, avaient une utilité.

En bref, cette masse d’informations neutres peut dormir longtemps dans le patrimoine génétique. En cas de changement rapide du milieu, les anomalies (telle que celle de ce dauphin à 4 pattes), dont l’émergence ou la résurgence sont d’habitude négligeables, peuvent se trouver subitement favorisées. En conséquence, l’évolution n’est pas seulement « l’invention » de nouveaux organes, elle peut être aussi la résurgence d’anciens organes perdus, et ce, en dépit d’une loi autrefois considérée comme intangible selon laquelle la perte d’un organe est définitive (cette loi n’étant tout de même que rarement violée, elle reste valable en tant qu’approximation).

La pierre d’achoppement est donc la survenue d’une destabilisation du milieu ayant accru la « pression de sélection » sur les individus. Dans ce cas, l’organisation externe d’un organisme évolue extrêmement vite (à tel point qu’elle paraît quasi instantanée dans les archives fossiles), alors même que le patrimoine génétique global n’a que peu varié. Seul un petit nombre de gènes nouveaux et importants ont alors « fait la différence ».


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