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République et Socialisme 77 République et Socialisme 77 29 juillet 2014 16:19

Ah, je me demandais où vous vouliez en venir, voilà que vous nous sortez la légende érigée depuis deux grosses décennies autour d’Olympe de Gouges.

Alors déjà, quelques corrections historiques de base :
- ce n’est pas pour avoir interpellé Robespierre qu’elle fut mise en accusation, c’est pour avoir écrit, fait imprimer et fait placarder dans les rues un manifeste fédéraliste, connu sous le nom de « Les Trois urnes ou le Salut de la patrie, par un voyageur aérien », un texte assez facilement disponible sur Internet et qui réclamait rien moins qu’une « suspension d’arme » face aux insurrections intérieures et la chute de la Convention, remplacée par une procédure bien curieuse des Assemblées Primaires
- Olympe de Gouges n’était absolument pas opposée à la violence politique, elle a même approuvé la fusillade du Champ de Mars ; comme beaucoup, elle considérait que la protestation contre la monarchie n’était pas politique mais contre-nature, et donc devait être réduite par les armes, alors qu’à l’inverse la lutte contre la République était à ses yeux une querelle politique légitime, devant se régler par la dialogue et le consensus
- Olympe de Gouges n’était pas non plus une démocrate, elle défendait avec ferveur le suffrage censitaire, et au contraire vouait aux gémonies les sections et assemblées populaires, pourtant lieux de l’expression démocratique par excellence
- Olympe de Gouges n’était absolument pas républicaine, et ses (très beaux) écrits à la gloire de la monarchie constitutionnelle de 1791 l’attestent ; elle était, assez classiquement, une « monarchienne », c’est-à-dire partisane d’une monarchie parlementaire monocamérale

Ces quelques points fixés, regardons un peu où vous en venez.

Robespierre aurait été à l’origine de « faux procès » qui ont permis de faire guillotiner « ses proches ». Vous citez Olympe de Gouges, qui ne fut jamais parmi ses proches. On aurait pu s’attendre à ce que vous citiez Danton et Desmoulins, même si l’historiographie a largement revu les relations entre Desmoulins et Robespierre, le premier se servant du nom du second comme d’une caution pour son premier journal, mais les relations entre les deux étant assez rares et certainement pas de camaraderie intime comme présentée par exemple dans le film La Révolution Française - Les Années Lumière, Les Années Terrible. Avec Danton, c’est encore plus net, étant donné que les relations entretenues ont été strictement politiques, et celles-ci se sont faites rares à partir du moment où Danton intégra le gouvernement en août 1792.
Donc, déjà, pour « l’élimination des proches », ça part mal.

Ensuite, les « faux procès ». Des procès en forme de mascarade, il y en eût, oui. Ne seraient-ce que les procès des « complots des prisons », ou encore celui de Cécile Renault et sa famille. Sauf que Robespierre n’y eût aucune part, ni de près ni de loin. En effet, contrairement à une légende tenace, le Comité de Salut Public n’avait aucune prise sur la justice révolutionnaire, entièrement contrôlée par le Comité de Sûreté Générale. C’était d’ailleurs précisément pour ôter du pouvoir au Comité de Sûreté Générale, qui commençait, sous l’égide de Vadier et Amar, à outrepasser ses prérogatives, que Robespierre et Saint-Just créèrent un Bureau de Police faisant directement concurrence aux agents du Comité de Sûreté Générale.
Néanmoins, l’influence de Robespierre sur le Tribunal Révolutionnaire était tellement réduite que le seul cas où Robespierre effectivement tenta d’en influencer l’action (celui de Catherine Théo, une mystique qui réunissait dans un club des personnes convaincues qu’une nouvelle religion allait naître de la révolution) était un cas dont il n’a eu connaissance qu’après son exposition devant la Convention Nationale, et où son intervention (il a forcé le procureur Fouquier-Tinville de lui céder le dossier d’accusation) a été immédiatement connue au sein des deux comités et de la Convention, suscitant un véritable tollé, alors que les membres du Comité de Sûreté Générale avaient, eux, toute latitude pour « monter » de toutes pièces des dossiers d’accusation bidon.


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