N’y a t-il pas quiproquo sur le but poursuivi par l’écrivain ? A t-il vraiment besoin de lecteurs ?
Un écrivain est poussé par un impératif, presque malgré lui, vers l’écriture.Que ce soit Marivaux ou Jules Vernes par exemple, les deux étaient promis à une carrière d’avocat qu’il n’ont jamais connue. L’écriture les possédait, elle les a emportés. Ils ont cherché leur style, se sont égarés puis trouvés, exposés leurs œuvres à la critique, ont souffert des critiques et des méchancetés de gens dont tout le monde a oublié le nom contrairement à eux. Les succès n’était certes acquis d’avance.
Si vos écrits intéressent quelqu’un d’autre, des milliers d’autres voire des millions, tant pis pour vous, vous tomberez dans la « production littéraire », le bagne de l’écriture calibrée, du bouquin à rendre dans les temps à l’éditeur. Finies les heures de passion à chercher le bon mot, la bonne expression de l’âme, celle que Cyrano recopiait avec tant de talent sur le papier.
Un écrivain n’est pas obligatoirement un causeur et l’auteur le montre bien. Il s’agit de 2 formes d’expressions différentes, aussi exigeantes l’une que l’autre, aussi passionnantes.
Jean-Claude Carrière, par exemple, était à la fois un brillant écrivain et un brillant causeur.