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(---.---.128.152) 18 novembre 2006 21:05

L’idée y est, mais ce que Voltaire avait vraiment écrit, c’est :

« J’aimais l’auteur du livre de l’Esprit [Helvétius]. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes. » Voltaire, Questions sur l’Encyclopédie, art. Homme.

Tout le monde s’y trompe ...

Il n’y a rien de raciste à être, comme le père d’Alain Finkielkraut, étonné des images télé passant en revue l’équipe de France et nous montrant 11 noirs. J’imagine que si l’on faisait la même chose au Japon, en Russie ou en Chine, l’étonnement serait aussi grand.

Arrêtons de confondre le souci légitime de l’identité française et le racisme. Lévi-Strauss peut nous y aider.

Claude LÉVI-STRAUSS : « Comme nous l’enseigne l’exemple des peuples primitifs, la tolérance réciproque suppose réalisée deux conditions que les sociétés contemporaines sont plus éloignées que jamais de connaître : d’une part une égalité relative, de l’autre, une distance physique suffisante. » (« Race et culture », Revue Internationale des Sciences sociales, 1971 (XXIII), n° 4). Repris dans Race et Histoire Race et Culture, Paris : Albin Michel / Unesco, 2001.

Claude LÉVI-STRAUSS : « [En 1971 devant l’UNESCO] je m’insurgeais contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à confondre le racisme défini au sens strict et des attitudes normales, légitimes mêmes, et en tout cas inévitables. Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus, de quelque façon qu’on le définisse, l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé, l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d’autres valeurs. Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de penser au dessus de toutes les autres, et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative n’autorise certes pas à opprimer ou détruire les valeurs qu’on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n’a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. Si, comme je l’écrivais dans Race et histoire, il existe entre les sociétés humaines un certain optimum de diversité au delà duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaître que cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi ; elles ne s’ignorent pas, s’empruntant à l’occasion, mais, pour ne pas périr, il faut que, sous d’autres rapports, persiste entre elles une certaine imperméabilité. Tout cela devait être rappelé, et plus encore aujourd’hui où rien ne compromet davantage, n’affaiblit de l’intérieur, et n’affadit la lutte contre le racisme que cette façon de mettre le terme, si j’ose dire, à toutes les sauces, en confondant une théorie fausse, mais explicite, avec des inclinations et des attitudes communes dont il serait illusoire d’imaginer que l’humanité puisse un jour s’affranchir ni même qu’il faille le lui souhaiter : enflure verbale comparable à celle qui, lors du conflit des Malouines, a entraîné tant d’hommes politiques et de publicistes à dénommer combat contre un vestige du colonialisme ce qui n’était en fait qu’une querelle de remembrement. » (Le Regard éloigné, Préface, Paris : Plon, 1983)

Le titre du fil, que j’ai modifié, mettait entre guillemets des propos qui ne sont pas ceux de Frêche ; la « bonne cause » prétendue justifierait-elle la mauvaise foi et la désinformation ?


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