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trevize trevize 28 octobre 2014 14:40

Je ne vois rien de révolutionnaire dans ce travail.
D’abord, il faudrait définir précisément ce qu’on entend par langage. Le langage oral et écrit de l’être humain n’est qu’une toute petite partie de ce phénomène.
Je n’ai pas lu Chomsky, j’en suis resté à de Saussure et Lacan.
Si j’ai bien suivi le propos, Chomsky conçoit une grammaire universelle innée chez chacun de nous, et Evans nie l’existence de cette grammaire universelle, mais il postule que nos cerveaux partagent un ensemble de capacité à construire graduellement le langage par imitation.
Dans un cas, nous partageons tous le « produit fini » la grammaire universelle de Chomsky, dans l’autre, nous partageons tous un ensemble de capacités mentales à construire ce même produit fini, chacun à notre façon, mais des produits finis suffisamment proches pour que les individus parviennent à se comprendre au moins un peu les uns les autres.
 
Bonnet blanc, blanc bonnet. L’hypothèse d’Evans a tout de même cet avantage de dynamiser le problème, en ne faisant pas de la grammaire un concept figé préexistant à l’homme, mais un construit social ; il ajoute une petite touche de constructivisme à tout ça.

Bien sûr que les animaux ont leur langage ! les parades amoureuses, les postures de soumission ou de domination, l’utilisation de phéromones pour indiquer qu’on est sexuellement disponible, la danse de l’abeille indiquant la direction et la distance d’un champ de fleur ainsi que leur espèce, tout cela est de l’ordre du langage. Un locuteur transmet un message via un medium, message reçu et interprété par un interlocuteur, selon ses propres règles individuelles qui peuvent différer de celles de l’émetteur (là est toute le malheur et en même temps la beauté du langage)
Même tout ce qui se déroule biologiquement dans notre corps est de l’ordre du langage. Un virus qui connaît le bon sésame peut envahir les cellules de son choix. Les cellules et les organes communiquent entre elles par l’intermédiaire d’hormones. Une réaction auto-immune, c’est un simple problème de compréhension mutuelle entre le système immunitaire et l’organe touché.

"Par le terme de grammaire, sans entrer dans les détails, on peut désigner les règles simples utilisées dans nos propres langages modernes, par exemple l’existence de sujets, de verbes et de compléments, quel que soit l’ordre dans lequel ceux-ci sont exprimés. Or ces règles, que par ignorance nous considérons comme universelles, ne se retrouvent pas dans de nombreux langages, jadis florissants mais aujourd’hui quasiment disparus, ceux des aborigènes australiens ou des amérindiens du Canada, par exemple."
Je ne suis pas d’accord avec ce paragraphe. Vous devriez préciser ce que vous entendez par grammaire. On dirait que vous évoquez ici la grammaire formelle, théorique d’une langue, celle qu’on apprend à l’école. Il n’est pas nécessaire de connaître dans ses détails toutes les règles de la grammaire d’une langue pour pouvoir la pratiquer !! Il n’y a qu’à voir comment certains de nos contemporains écrivent pour s’en rendre compte, lorsqu’ils confondent par exemple les verbes être et avoir (est/ait), ce genre d’aberration qui pique les yeux.
Les aborigènes ne prennent sûrement pas de cours de grammaire formelle comme nous, pourtant ils partagent bien un ensemble de règles communes pour réussir à se comprendre entre eux, sinon ils ne feraient que bredouiller et gesticuler sans absolument jamais se comprendre. Ils ont simplement construit et intégré leur grammaire de façon automatique et pratiquent leur langue sans se soucier du pourquoi, sans chercher à l’expliciter formellement.
De même, on peut pratiquer empiriquement la musique sans apprendre activement le solfège.

Structuralisme linguistique puis épistémologique, systémique, théorie de l’information, constructivisme, puis co-constructivisme... tout ça raconte la même chose, tout ça tourne autour du même pot et décrit la même vérité crue, tellement crue que ceux qui la (re) découvrent sont obligés de la maquiller sous une tonne de jargon scientifique, de l’assaisonner à la sauce de l’époque pour réussir à la faire avaler à leurs contemporains (du moins, ceux qui surmontent l’horreur de remettre en cause le point de vue sur le monde qu’ils ont construit tout au long de leur vie).


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