@ Éric Guéguen et @ franc (2)
Si, comme Badiou le demande, on veut penser la démocratie sur le
long terme, je crois qu’il n’est pas bon de considérer la liquidation du
service public de l’audiovisuel comme définitive, non révisable. Mais ce n’est
évidemment pas ce qui existait qui doit être remis en place. Je suis résolument
pour la séparation de la radio et de la télé, et pour l’existence forte de la
composante internet de service public, plus généralement pour sa puissance dans
tous les secteurs nouveaux de la communication présents ou à venir.
Je suis surtout partisan d’un Parlement
spécifique, qui aurait la charge de re-définir ce service public, d’en
décider les moyens, de les changer si nécessaire, d’en déterminer et contrôler
le mode de fonctionnement, le rôle et le contrôle populaire de "l’avant-garde
éclairée" constituée par les journalistes, les auteurs, les producteurs,
les animateurs. Bref, un parlement chargé de veiller à l’adaptation et à
l’amélioration continue d’un audiovisuel public réellement possession du peuple, décidé et utilisé par lui selon ses
souhaits.
En rédigeant pour Agoravox, il y a sept ans, ma présentation de
rédacteur je n’ai pas cru devoir nommer mes deux camarades co-auteurs du livre Le Gâchis audiovisuel, que je
mentionnais (et alors même que leur contribution y était bien plus importante
que la mienne). Nulle mésentente dans cette omission. Simplement je ne
souhaitais pas associer Jean-Jacques Ledos et Jean-Pierre Jézéquel à mon autre combat - pour moi prioritaire - pour la désacralisation de la théologie criminogène,
combat dans lequel je voulais concentrer mes interventions sur le site (on peut
vérifier que ce fut le cas).
Aujourd’hui, dans le contexte de cet article je veux évoquer le
point où nous en étions quand nous avons abandonné la forme qu’avait alors notre
combat pour l’audiovisuel de service public. Mais auparavant je veux indiquer
que mes deux camarades co-auteurs - que je continue de rencontrer aussi souvent
que possible pour un bon repas en commun - ont continué d’écrire. Jean-Jacques
Ledos s’est consacré à l’histoire de la télévision (plus récent ouvrage publié,
en 2013 à l’Harmattan, un Dictionnaire
historique de télévision de 600 pages). Jean-Pierre Jézéquel, avec d’autres
anciens élèves, comme lui, de Jacques Ellul, s’est principalement consacré à la
publication d’importants inédits du philosophe (notamment, aux éditions La
Table ronde, La pensée marxiste (2003) et Les
successeurs de Marx (2007).
Jean-Pierre avait pensé qu’un Parlement spécifique pour
l’audiovisuel de service public était nécessaire et il avait commencé la
rédaction d’un projet le définissant. Nous avions ensuite entrepris de le
reprendre à trois puis, après les nouvelles étapes de la liquidation, nous avons
laissé tomber.
Les désillusions - prévisibles - des vrais démocrates
après des années d’utilisation des techniques qui ont "libéré
l’expression" je veux croire que ce projet sera repris par d’autres car, aujourd’hui
plus que jamais, je le crois nécessaire à la bonne santé d’une société non
fataliste.