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Ecrl’inf 23 janvier 2015 22:43

Je vois plusieurs problèmes à la constitution d’une vraie gauche politique en France, suite aux reniements du PS et des social-démocraties en général (un phénomène qui n’est pas nouveau ; souvenons-nous du SPD sous la République de Weimar ou sous G. Schröder).

1) La gauche de la gauche, version française - appelons-là, comme on voudra, communiste, ou socialiste ouvrière, ou altermondialiste - a fait de la question nationale un tabou. Pendant des décennies, elle a assimilé la critique de l’immigration de masse et la question de la préférence nationale à du racisme. Et elle continue. Un boulevard pour le FN.

2) Elle finit toujours par retomber dans le sociétalisme petit-bourgeois des bobos socialistes : lutte contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, l’hydre fasciste, « vivre ensemble », etc., etc. Cela a été particulièrement net pendant la campagne de Mélenchon : attirés au début par sa critique féroce de la bourgeoisie et de la finance, des dizaines de milliers de sympathisants ont été déçus de le voir consacrer toute son attention au FN vers la fin de la campagne ; comme si être de gauche, c’était d’abord et avant tout lutter contre l’hydre fasciste et une présentation caricaturale du FN par un Mélenchon franc-maçon, ancien du PS, et profondément narcissique. Or les ouvriers, les petits salariés, la petite classe moyenne, se fichent complètement des bouleversements de civilisation que la gauche caviar, une fois au pouvoir, veut imposer de manière stalinienne. Pire, cela les choque, dans le même temps où ils s’aperçoivent que les élus socialistes passent leur temps à rassurer le grand patronat et même à lui faire de beaux cadeaux.

3) Au second tour, le PC et le FG appellent toujours, et appelleront toujours à un vote de résignation pour le PS. Ce n’est plus acceptable, étant donné que le PS est un parti de droite, voire est aujourd’hui sur certains points plus à droite que l’UMP, exactement comme ce fut le cas du SPD sous Schröder, qui est allé plus loin dans les coupes sociales que ce que la CDU-CSU aurait osé faire. Tout ce qui différencie le PS et l’UMP, c’est une cosmétique rhétorique, un électorat avec un fort socle ethnique, et, encore une fois, ce sociétalisme petit bourgeois qui vise à produire des lois pour changer les moeurs. Taubira et Belkacem excellent dans le genre, en s’attaquant notamment à l’ndépendance de la justice et à l’éducation des enfants, faisant de l’école et des tribunaux des vecteurs de la propagande d’Etat et de leur vision du monde.

Face à cela, le FN joue sur du velours : il opère ce qui manquait au paysage politique français depuis la dernière guerre : la réconciliation entre les valeurs socialistes et patriotiques. Dans une sorte d’éthnosocialisme qui mange à tous les rateliers. Evidemment, ce n’est qu’une façade trompeuse, mais fort efficace pour séduire les couches populaires, qui ne s’aperçoivent pas forcément que le FN est 1) un parti qui protégera toujours et d’abord les notables et les privilégiés, ceux qui ont du pouvoir, de l’autorité, par leur situation financière, leur formation, leurs origines  2) un parti viscéralement antisyndicaliste 3) un parti qui prône, comme le PS aujourd’hui aussi, un véritable culte des forces de l’ordre et de la répression tous azimuts.

La critique par le FN de l’oligarchie financière et de la gouvernance globale n’est qu’un leurre, une opération de marketing. Quand on écoute ou qu’on lit sur internet ou à la radio les petits brigadiers du FN, ceux qu’on ne voit jamais dans les grands médias de masse, on voit à quel point ce parti est avant toute chose la droite de la droite, avec des relents poujadistes, une droite ultra-conservatrice qui déplore la désaffection des Eglises, commémore les anniversaires des familles royales, et surtout, surtout, pourfend la Gueuse, cette Révolution qui reste dans l’âme des gourous du FN la mère de tous les maux. La mère Le Pen, quels que soient ses efforts entrepris pour faire du FN un « parti comme les autres », n’arrivera jamais à effacer complètement l’ADN nationaliste-conservateur de son mouvement.

En résumé, pas de « vraie gauche » qui peut avoir des chances de gagner en évacuant la question nationale. Laquelle n’est absolument pas incompatible avec l’internationalisme ouvrier. Si la nation est le cadre le plus protecteur pour les ouvriers, la nation n’interdit pas une internationale des ouvriers au-delà du cadre national. Bien au contraire, l’internationalisme est un bouclier contre les dérives oligarchiques des nations, dans le même temps où la nation est un cadre propice au rétablissement des équilibres et au contrôle des puissants par les citoyens.


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