Petit complément
Platon Livre 4 . La république
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Nous aurions donc
raison de penser que ce sont deux principes distincts l’un de l’autre, et
d’appeler raisonnable cette partie de l’âme par laquelle elle raisonne ; et
déraisonnable, siège du désir, compagne des excès et des voluptés, cette
autre partie de l’âme qui aime, qui a faim et soif, qui est la proie de tous
les désirs.
Oui, et cette opinion
est très vraisemblable.
Reconnaissons par
conséquent que ces deux parties se trouvent dans l’âme : mais celle qui est
le siège de la colère et qui cause en nous le courage, forme-t-elle une
troisième partie ou rentre-t-elle dans l’une des deux autres ?
Peut-être
rentre-t-elle dans la partie qui est le siège du désir.
On m’a dit une chose que je crois vraie. La voici : Léonce, fils d’Aglaïon,
revenant un jour du Pirée, le long de la partie extérieure de la muraille
septentrionale, aperçut des cadavres étendus sur le lieu des supplices ; il
éprouva le désir de s’approcher pour les voir avec un sentiment pénible, qui
lui faisait aussi détourner les regards. Il résista d’abord, et se cacha le
visage ; mais enfin, cédant à la violence de son désir, il courut vers ces
cadavres, et ouvrant de grands yeux, il s’écria : Hé bien, malheureux,
rassasiez-vous d’un si beau spectacle.
J’ai ouï raconter ce
trait.
C’est une preuve que
la colère s’oppose quelquefois en nous au désir, comme à une chose distincte
de lui.
Oui, c’en est une
preuve.
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