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phil_ou (---.---.96.146) 10 décembre 2006 19:18

Oserai-je un début de conclusion ?

Si l’article de Candide2 est une bonne base de discussion, ses prémisses et sa méthode, résolument mathématicienne, se révèlent très critiquables.

L’ingénieur médecin utilise les outils qu’il a acquis durant ses études pour tenter de démonter des mécanismes dans un domaine qu’à l’évidence il connaît peu. Ainsi regarde-t-il en biologiste des structures sociales et économiques, dont il postule, comme pour des systèmes vivants, une complexité croissante dans le temps : cette vision à elle seule nécessiterait de longues études, historiques par exemple.

Du reste, il conviendrait en premier de définir cette complexité elle-même, ce qui n’est pas fait ici, en utilisant non pas des techniques mathématiques, peu efficaces dans ce domaine, mais bien des outils logiques, voire anthropologiques.

Dans ce domaine, il confond masse des connaissances et complexité des tâches : la première peut très bien diminuer la seconde (cf mon avis du 8.12 à 18h16).

De même, il aborde en statisticien des choses tenant à la nature de l’homme et de l’individu, comme la culture, l’intelligence, la capacité à s’adapter et à s’organiser, qui ressortissent bien plus à l’observation raisonnée, à la psychologie, à la neurologie et aux sciences de la connaissance : la courbe de Gauss peut-elle remplacer un raisonnement philosophique solidement charpenté ?

Le spécialiste en sciences exactes jette les bébés sciences sociales avec l’eau du bain des idéologies. Ainsi il vitupère les « sciences humaines qui vont de la psychologie à la sociologie et qui ont en commun de partir de présuppositions philosophiques arbitraires sur la nature de l’homme ». Autant dire que pour lui, ce ne sont pas des sciences, mais tout juste des empilements de superstitions, fondées sans doute tantôt sur le rousseauisme, tantôt sur le marxisme. Mais est-il plus grande présupposition que chacune de ces idées :
-  « les possibilités humaines de s’adapter à un milieu de plus en plus complexe sont globalement limitées par la génétique »
-  « le chômage résulte de ce que la complexité des sociétés actuelles atteint ou dépasse cette limite »
-  « dans une société complexe, (...) la complexité moyenne des tâches possibles est plus élevée que ce que peut réaliser en moyenne l’ensemble des individus ».

Toutes ces assertions, qui sont à la fois arguments et prétendues conclusions, ne sont ni démontrées, ni seulement discutées avec le recul nécessaire.

En résumé, Candide2, quels que soient son talent et ses efforts, démontre que, pour tenter d’étudier le chômage, rien ne remplace une bonne formation en économie politique, quelque expérience dans l’observation des réalités humaines et la rigueur que doit s’imposer une étude sérieuse des délicats mécanismes régissant les activités des hommes.

Faute de cela (in cauda venenum), l’auteur fait de l’anthropologie économique avec dans une main, une table de logarithmes et dans l’autre, un scalpel à autopsie.

Avec mes remerciements pour son article.


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