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Philippe VERGNES 2 avril 2015 12:42

@ philouie,


« ah, ça fait du bien de relire du mamie Dolto. et oui, mamie Dolto, c’est comme ça qu’on l’appelle chez nous, pour vous dire le profond respect qu’on voue à cette dame au cœur immense plein d’intelligence. »

Je ne pose aucun jugement sur la personne. Vous devriez essayer, ça vous changera de vos habitudes.

« ça doit bien faire 20 ans, que je n’ai rien lu d’elle, mais c’est toujours un même plaisir : dès les premières lignes on sent sa très grande force : « les enfants tués qu’en faites vous ? Et bien je n’en fais plus rien parce qu’ils sont morts ». paf, prend ça. On sent tout de suite qu’elle n’est pas là pour faire dans le sentimentalisme ou dans l’apitoiement. c’est autre chose. »

C’est sûr, avec de tels propos, c’est tout autre chose. Et puis s’ils sont morts c’est bien parce qu’ils doivent le chercher et qu’ils sont un peu suicidaire comme le dit Dolto dans cette interview.

« En lisant cette interview, je m’aperçois que la réponse précédente que je vous ai fait convient parfaitement. pas grand chose à y ajouter. »

Et moi non plus : F. Dolto, tout comme la psychanalyse orthodoxe, nie les maltraitances infantiles et les agressions sexuelles... tout en prétendant s’en occuper. Communication paradoxale qui piège tous les adeptes de ses théories depuis plus d’un siècle.
 
« Je crains que si vous ne lisez dans ses propos qu’un discours de gros beauf, c’est surtout que vous en faites une lecture de gros beauf. »

Je lis ses propos sans préjugé, ni a priori, ni idolatrie quelconque. Ce qui me distingue de tout dogmatisme de certain et probablement du votre également. Or, c’est bien les croyances et l’intensité auxquelles on y adhère qui posent problèmes dans tous les débats. On peut pas demander à un myope de voir sans lunette.

« Q. « C’est bien parce que la société lui donne cet enfant comme un objet qui lui appartient, que le père frappe son enfant » Oui, mais répondre oui à cette question, c’est justement faire de l’enfant un objet. Or Dolto n’est pas à la place du juge, qui juge des personnes comme d’objets et des faits selon leur apparence, non Dolto est thérapeute et son but est de restituer le sujet. Chez Dolto la violence est une relation et comme toute relation d’amour, une relation entre sujets. »

On est bien d’accord sur ce point-là : il faut redonner aux gens la place de sujet. Enfant ou adulte. Or, justement, que font les personnalités perverses et narcissiques ? Elles ne cessent de traiter autrui comme objet. Et il y a bien lieu d’éduquer les gens à trouver toute leur place de sujet dans la société.

« Et Dolto se tourne vers la victime comme sujet : qui es-tu toi ? qu’elle est ta place dans cette histoire ? pourquoi acceptes-tu d’être battu ? N’as tu pas une vie propre qui ne soit pas dans la dépendance de celui qui te bats ?... »

Et Dolto ignore les mécanisme de l’emprise, ses conséquences sur la psyché humaine et encore plus sur celle des enfants. Elle ignore également la problématique de l’attachement qui est prévalente à celle de la sexualité et commet ce que Ferenczi a appelé la Confusion de langues entre les adultes et l’enfant.

« La victime n’est pas simplement une victime, objet que l’on catalogue dans une rubrique imaginaire, non la victime est d’abord une personne qui doit s’approprier sa vie. »

On est bien d’accord sur ce point-là également. Encore faut-il connaître les conséquences véritables du traumatisme sur la psyché humaine. Ce dont, en parlant de culpabilité, les gens tels que vous ignore. Si culpabilité, il y a à traiter, cela ne peut se faire qu’à la suite d’un traitement préalable qui redonnent à la victime sa place dans la société. C’est quelque chose de spécifique qui, si vous en sautez les étapes, conduit aux échecs des psychanalyses orthodoxes, car ignorantes des impacts de l’emprise sur le psychisme.

« Faire grandir. un objet ne grandit pas. un sujet oui, quand il est pris comme sujet, quand il accède à la conscience d’être sujet. »

Pour accéder à cette conscience là, il faut qu’il soit désintoxiqué d’avoir été traité en objet. Et cela ne passe pas, par l’unique déculpabilisation.

« Et elle apporte des solutions. l’éducation. Pourquoi l’éducation ? Parce que l’éducation est castratrice et qu’elle permet de sortir de la relation de dépendance. Alors les choses qui sont dites là, sont à la fois simples et profondes. Elles peuvent choquer parce qu’elle retourne le point de vue habituel qui est de traiter les personnes comme des objets. »

Certaines des choses que Françoise Dolto dit dans cette interview son juste, tout comme il y en a de choquante. C’est cette façon qui est de juger soit tout bon, soit tout mauvais qui fait que les gens tels que vous sont incapables de discerner le bon grain de l’ivraie. Comme pour Freud et pour bien d’autres encore.
 
« Bien sûr, si vous en faites lecture au bistrot au milieu de gros beaufs qui n’y comprennent rien, vous n’aurez que des réactions de gros beaufs comme la votre. »

Je dirais plutôt que nous avons droit ici à des réactions de gros beaufs comme la votre qui interpréte les propos de F. Dolto de façon uniquement manichéenne : bon/mauvais, bien/mal, noir/blanc, etc. ; et sans être capable de nuancer les déclarations de cet auteure qui, tout en ayant raison sur certains points, se plante totalement sur d’autres. (Comme à pu le faire Freud de son temps.)

Est-ce un bien ou un mal ?

Si vous aviez lu correctement lu mon article, vous sauriez que je ne me situe absolument pas dans cette perspective. Mais peut-être est-ce là ce qui vous gène finalement. Ne pas savoir sur qui ou sur quoi se défouler pour projeter votre agressivité. Il paraît que ça rassure. (En fait... ça rassure vraiment ! Mais vous vous plantez complètement.)

En conclusion : F. Dolto, tout comme Freud et la psychanalyse orthodoxe nient les maltraitances infantiles et les violences sexuelles parce qu’ils ignorent les conséquences d’une relation d’emprise et les pièges qu’une telle relation dissémine pour interdire à ceux qui en sont victimes de se libérer de cette emprise et de ce meurtre psychique. Ce schéma est identique tant au niveau individuel que collectif. Et une telle ignorance ne fait que renforcer la problématique au lieu de la résoudre = effet pervers.

Et c’est de cette négation même que nos sociétés sont ce qu’elles sont aujourd’hui : « Il ne peut y avoir plus vive révélation de l’âme d’un société que la façon dont elle traite les enfants ». (Nelson Mandela) C’est ma citation pour l’introduction d’un de mes prochains articles. Or, je repose la question : savez-vous combien d’enfants meurent chaque année sous les coups de leurs parents ? J’ai posé la question plus d’une dizaine de fois et personne n’y répond. Je ne demande pourtant qu’une estimation.

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