Je ne connais aucune société sans pouvoir de manipulation, car toute socialisation exige des systèmes de conditionnement et d’influence ; à commencer par l’éducation indispensable à toute socialisation des individus
Aujourd’hui ces pouvoirs sont éclatés, multiformes concurrentiels (famille ,école, médias, copains, pub, réseaux politiques et sociétaux, entreprises ..). Cet éclatement de possibilités qui ne sont plus mises en cohérence, ni hiérarchisées par une vision centrale du sens et une moralisation autoritaire absolutiste de type religieux, fait que chacun doit en permanence se construire dans le cadre d’identités bricolées, voire multiples. Mais c’est aussi une condition nécessaire (mais pas suffisante) d’une autonomie qui ne pouvait exister dans aucune des sociétés antérieures, toutes théocratique et traditionalistes (tournée vers l’empire et l’emprise du passé et de l’exigence de la répétition).
C’est donc moins pire aujourd’hui que cela ne l’était : le poids du péché et de la menace divine sont en voie de disparition, c’est à dire un pouvoir de manipulation par définition totalitaire (toute puissance divine, sens du sacré, terreur post-mortem et promesse paradisiaque) ! Il n’y a donc aucune bonne raison de s’en plaindre...