Algy, un petit bonjour de Lyon en France,
il y a certainement de la part des électeurs(ices)une
lassitude vis à vis des candidats classiques masculins
et un désir désespéré de changement, tout à la foi dans
le style et dans le fond : en particulier un désir de
programmes moins faits de théories et de principes intellectuels, et chargés de plus de concret et de solutions pratiques, presque « ménagères et familiales ».
Je n’ironise pas : les gens dans leur majorité ne
cherchent plus un idéal de combat, mais la sécurité et
tout simplement la survie ; et puis le masculin prend
aujourd’hui de plus en plus une image de violence et
d’impuissance, et peut-être que bien des hommes le
ressentent ainsi.
Quand à moi, franchement, au risque de vous agacer,
la parité, je n’y crois pas : bien sûr qu’il est
normal, ça va de soi, qu’en tant qu’individu la femme
puisse faire carrière comme l’homme en politique.
Mais croire que cela changera quoi que ce soit à cette
société est une erreur, à mon avis, car elle y va comme
acteur et non comme personnage.
Je m’explique : la vie en société, et la politique en
particulier, est comme un théatre ; il y a le scénario,
les personnages(les « rôles »)et les acteurs. Le drame
du principe actuel de démocratie, c’est que l’on ne change
jamais que les acteurs et non les personnages, ce qui
interdit de changer l’histoire et donc réellement les
choses.
C’est comme si par exemple, trouvant que, en 2006,
Shakespeare soit insupportablement patriarcal(il n’y
a presque que des hommes, là-dedans !), on voulait y
appliquer la parité : allez, on remplace la moitié des acteurs hommes par des femmes !
On pourrait même remplacer tous les hommes, Shakespeare
joué uniquement par des femmes, ce serait toujours le même
scénario, des rôles et des personnages masculins, servis et cautionnés par des actrices.
Eh bien, en politique c’est la même chose : de même que le métier d’acteur est d’être toujours fidèle à son rôle,
celui d’homme politique est d’être fidèle à sa fonction
et à son camp, quelles que soient ses idées.
Et je crains, comme vous, que les femmes qui s’engageront
dans cette voie ne feront qu’endosser le même personnage
que leurs collègues masculins, cautionneront un peu
plus ce système pérenne et figé, et se retrouveront comme
eux piégés et dans l’impossibilité de fournir des
solutions valides.
Il existerait bien des moyens de sortir de cette ornière,
mais cela obligerait à sortir du cadre des concepts
modernes actuels, et à reconnaître que les peuples
avant nous n’étaient pas complètement ignorants, ce qui
reste considéré encore aujourd’hui comme complètement
hors sujet et politically incorrect !
Cordialement Thierry