@CN46400
"Les bourgeois vivent
du travail d’autrui, ils sont une « infime minotité »..."
Si on comprend bien, il s’agit de rentiers qui
passent la moitié de la journée sous des cocotiers caraïbes et qui, le soir, ne
quittent les tables de jeux du casino, que pour se rendre au club échangiste...
C’est ça ?
Permettez-moi de préférer, et de loin, ce que
Jaurès écrivait, à propos des patrons, dans « La Dépêche de Toulouse »
du 28 mai 1990 :
« Il n’y a de classe dirigeante que courageuse.
A toute époque, les classes dirigeantes se sont constituées
par le courage, par l’acceptation consciente du risque.
Dirige celui qui risque ce que les dirigés ne veulent pas
risquer.
Est respecté celui qui, volontairement, accomplit pour les
autres les actes difficiles ou dangereux.
Est un chef celui qui procure aux autres la sécurité, en
prenant sur soi les dangers.
Le courage, pour l’entrepreneur, c’est l’esprit de
l’entreprise et le refus de recourir à l’Etat ; pour le technicien, c’est le
refus de transiger sur la qualité ; pour le directeur du personnel ou le
directeur d’usine, c’est la défense de la maison, c’est dans la maison, la
défense de l’autorité et, avec elle, celle de la discipline et de l’ordre.
Dans la moyenne industrie, il y a beaucoup de patrons qui
sont à eux mêmes, au moins dans une large mesure, leur caissier, leur
comptable, leur dessinateur, leur contremaître ; et ils ont avec la fatigue du
corps, le souci de l’esprit que les ouvriers n’ont que par intervalles.
Ils vivent dans un monde de lutte où la solidarité est
inconnue.
Jusqu’ici, dans aucun pays, les patrons n’ont pu se
concerter pour se mettre à l’abri, au moins dans une large mesure, contre les
faillites qui peuvent détruire en un jour la fortune et le crédit d’un
industriel.
Entre tous les producteurs, c’est la lutte sans merci ; pour
se disputer la clientèle, ils abaissent jusqu’à la dernière limite, dans les
années de crise, le prix de vente des marchandises, ils descendent même au
dessous des prix de revient.
Ils sont obligés d’accepter des délais de paiement qui sont
pour leurs acheteurs une marge ouverte à la faillite et, s’il survient le
moindre revers, le banquier aux aguets veut être payé dans les vingt-quatre
heures.
Lorsque les ouvriers accusent les patrons d’être des
jouisseurs qui veulent gagner beaucoup d’argent pour s’amuser, ils ne
comprennent pas bien l’âme patronale.
Sans doute, il y a des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils
veulent avant tout, quand ils sont vraiment des patrons, c’est gagner la
bataille.
Il y en a beaucoup qui, en grossissant leur fortune, ne se
donnent pas une jouissance de plus ; en tout cas, ce n’est point surtout à cela
qu’ils songent. Ils sont heureux, quand ils font un bel inventaire, de se dire
que leur peine ardente n’est pas perdue, qu’il y a un résultat positif,
palpable, que de tous les hasards il est sorti quelque chose et que leur puissance
d’action est accrue.
Non, en vérité, le patronat, tel que la société actuelle le
fait, n’est pas une condition enviable.
Et ce n’est pas avec les sentiments de colère et de
convoitise que les hommes devraient se regarder les uns les autres, mais avec
une sorte de pitié réciproque qui serait peut être le prélude de la justice ! »