Cher Daniel Salvatore
Merci de rendre ici hommage à la belle Laura, et d’avoir le courage d’affronter la rude censure et l’indifférence des agoravoxiens (ne leur jetons pas la pierre, ils sont comme les journalistes, indifférents à tout ce qui n’est pas le jeu du pouvoir).
Laura, elle sera vite oubliée, sauf dans le coeur de ceux qui l’ont aimée.
La beauté est un très lourd fardeau à porter, et une grosse responsabilité, car c’est le témoignage de l’amour de Dieu pour la terre, si on est croyant, ou de l’élévation de la matière vers le sublime, si on est athée.
Laura, elle, a porté tous les fardeaux, la beauté et la gloire, la détresse physique et sociale, la solitude. Dans notre monde agité et frénétique, il n’y a plus de place pour l’amitié et la fidélité, et c’est vrai aussi pour les gloires déchues.
Elle a rejoint les neiges d’antan. Justement, en pensant à notre grand poète François Villon, il parlait de la beauté d’Agnès Sorel en ces termes « Dieu l’a faite avec ses deux mains ».
En hommage à Laura, et pour vous remercier d’avoir écrit cet article, je vous recopie ce poème de François Villon.
La ballade des dames du temps jadis
Dites moi où, n’en quel pays
Est Flora, la belle romaine
Archipiada, née Thaïs
Qui fut sa cousine germaine
Echo, parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sus étang
Qui beauté eut trop, plus qu’humaine
Mais où sont les neiges d’antan
Où est la très sage Héloïse
Pour qui fut castré, et puis moine
Pierre Abélard à Saint Denis
Pour son amour eut cet essoyne
Pareillement où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac, en Seine
Mais où sont les neiges d’antan
La reine blanche comme lys
Qui chantait à voix de sirène
Berthe aux grands pieds, Bietris Allis
Haramburgis qui tint le Maine
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu’Anglais brûlèrent à Rouen
Où sont ils, vierge souveraine,
Mais où sont les neiges d’antan
Prince, n’enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an
Qu’à ce refrain ne vous remaine
Mais où sont les neiges d’antan.
Paix à son âme