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Anthony Michel Anthony Michel 2 juillet 2015 18:26

@César Castique


Si bien sûr toute théorie politique a ses limites relatives à l’époque de son auteur, je pense que les idées de Pierre-Joseph Proudhon sont justement particulièrement adaptables à notre monde moderne. Déjà, on peut considérer que si certaines choses n’étaient pas gérées « au-delà » des fédérations de « communes libres » (pour reprendre une expression proudhonienne) alors, par exemple, le monde ne connaîtrait plus de guerre. En effet, à partir de quels motifs les assemblées populaires choisiraient l’envoi d’une armée nationale sur des territoires étrangers ? D’ailleurs, l’enseignement proudhonien en matière de patriotisme nous laisse considérer de façon très intéressante que la vraie nature du patriotisme est défensive, non offensive (posture qui sera reprise, de manière elle aussi intéressante, par le célèbre auteur britannique du siècle dernier George Orwell).Ce que je veux dire, plus globalement, c’est que le fédéralisme intégral n’aurait pas pu engendrer certaines injustices connues dans le monde aujourd’hui, qu’elles soient d’ordre social, économique ou politique. Car défendre la démocratie la vraie sous-entend alors que les citoyens sauront réformer ce qu’il convient de réformer mais aussi conserver ce qu’il convient de conserver. C’est ce point qui peut sembler utopique. Avec Proudhon, on fait un peu le pari sur la capacité collective au discernement positif, même s’il n’était pas naïf et qu’il faut revoir ce qu’il nous dit en matière de justice et de moralité (en effet, il ne dit pas forcément que cette capacité est innée).
Concrètement sinon, ce fédéralisme ne peut pas naître, c’est sûr, du jour au lendemain. Il faudrait un vaste mouvement politique défendant de bonne foi — c’est-à-dire sans individualités ayant des arrières-pensées politiciennes et/ou égocentrées (car en contradiction avec les idées en question) — ce fédéralisme intégral, cette « anarchie positive » — comme disait Proudhon lui-même. 
Une dernière remarque enfin. Si, notamment dans ses Confessions d’un révolutionnaire, il associe le centralisme au despotisme et à l’insidieux processus de représentativité, Proudhon défend en contrepartie un autre « mode » (mot qu’il emploie) de centralisation. Plus précisément, Proudhon oppose deux types de centralisation :
– celle des États « despotiques et représentatifs » qui est « l’autorité, héréditaire ou élective, qui du Roi, Président ou Directoire descend sur le Pays et absorbe ses facultés » ;
– celle reposant sur le contrat, celle des sociétés « d’hommes libres, qui se groupent suivant la nature de leurs industries ou de leurs intérêts, et chez lesquels la souveraineté, collective et individuelle, ne s’abdique ni ne se délègue jamais ». Dans le second cas, « l’unité sociale, au lieu de résulter [comme dans le premier cas] du cumul et de la confiscation des forces par un soi-disant mandataire du peuple, est le produit de la libre adhésion des citoyens. En fait et en droit, le Gouvernement, par le suffrage universel, a cessé d’exister ». D’où la centralisation proudhonienne s’effectuant « de bas en haut, de la circonférence au centre » avec autonomie de toutes les fonctions administratives se gouvernant, en effet, « chacune par elle-même ».

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