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Olaf Olaf 11 août 2015 18:51

@Antenor


Les esséniens n’existaient plus, ou quasiment plus à l’époque de Jésus. C’est une certaine interprétation des textes de Qumran et des vestiges qui y ont été retrouvés qui ont contribué à faire perdurer ce mythe. Cf. 1 tome du Messie et son Prophète, d’EM Gallez, ses analyses sont limpides. Voir également son site, où il en fait part : http://www.lemessieetsonprophete.com/annexes/qumran-l.htm

Pour comprendre ensuite qui étaient les Nazirs, Nazoréens, Nazaréniéens, Nasaréens, et autres gens de Nazreth, voici qq éléments de réponse repris d’un commentaire que j’ai écrit sur mon site : 

Sur les Nazaréens, Nazoréens, Naziréens, Naçaréens, Nasara et autres habitants de Nazareth

La clé de compréhension de toutes ces appellations, c’est la racine NZR en hébreu, et ses jeux avec la racine NSR au cours de l’histoire et de l’évolution naturelle du sens des mots. Initialement, NZR se rapporte à la royauté, signifiant “couronne” (“nezer”), ou “diadème”. Chez les Hébreux, la royauté était éminemment liée au sens de Dieu (David est oint par le prophète Samuel, inspiré par Dieu, qui lui fait désigner David comme roi, successeur de Saül), et le roi était le premier consacré à Dieu (cf. histoire de David). De là la dérivation vers les Nazirs et le voeu de Naziréat, le voeu de consécration à Dieu qui avait de ce fait chez les Hébreux un lien organique à l’attente messianique, à l’attente de la restauration de la royauté promise par Dieu via ses prophètes (Isaie). 

On comprend donc ce que recouvre l’appellation de Nazoréens au 1er siècle, au temps de Jésus : le naziréat a fait école, il y a des Nazirs qui observent la règle antique, et des Nazoréens/Nazaréniens qui se placent dans leur sillage, moins stricts dans l’observance de la règle mais tout aussi pétris de l’attente messianique et de l’espoir de la venue d’un nouveau roi. Selon Jean-Christian Petitfils, Nazareth est un des foyers des Nazoréens, et Jésus se présente aux Hébreux comme l’un d’eux. Il apparait de plus comme le “Nazir” par excellence, consacré à Dieu depuis sa conception miraculeuse. Il “recrute” certains de ses apôtres dans ces milieux nazoréens (mais pas uniquement, son enseignement fédère des Hébreux de toutes tribus et de toutes tendances). Jusqu’à Jésus, les NZRiens sont donc, selon leurs appellations et les périodes de l’histoire des “consacrés à Dieu”, des “vivant à part”, des “messianiques”, des “saints”. Avec Jésus, ses disciples se retrouveront donc sous cette appellation, jusqu’après sa mort et sa résurrection qu’ils proclament, où, comprenant que Jésus ne rétablira pas la royauté politique en Israël mais que sa messianité est en fait d’un tout autre ordre, il se feront appeler “messianiques” ou “disciples du Messie” (en grec “chrétiens”, en araméen “mshyiayè”). Les “croyants” en Jésus qui ne renonceront pas à leur appellation de “NZRiens” seront ceux qui voudront continuer de croire que Jésus rétablira la royauté politique en Israël : ce sont les judéo-nazaréens qu’a pointés Edouard-Marie Gallez. Il faut savoir de plus que le Naziréat et les mouvements nazoréens ont perduré également après Jésus, ce qui perturbe encore davantage notre perception de la grande pluralité de tendances et de courants que ces appellations ont recouvert au cours de l’histoire.

A côté, il faut aussi comprendre les jeux de mots entre les racines NZR et NSR. NSR signifie initialement le “surgeon”, le “rameau”, la “branche”, voire la “fleur” (“netser”). Cette racine a pris un sens très particulier avec la prophétie d’Isaie (11,1-2) : “Puis un rameau sortira du tronc de Jessé [lignée de David], et un rejeton [netser] naîtra de ses racines”. Toujours selon Petitfils, le nom de Nazareth vient précisément de ce “netser” : Nazareth est la ville (ou plutôt le village) où est attendu ce “netser”, car repeuplée au 2nd siècle avt JC de descendants de la lignée de David de retour d’exil. Le rejeton attendu, c’est le Messie dans l’espérance des Hébreux, c’est donc aussi le NZR, le “roi”. Et là on comprend que les racines, différentes initialement, se rejoignent dans certaines de leurs acceptions. Nazoréens et Nasaréens, c’est donc kif kif.


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