C’est le grand problème écologique de notre temps et c’est aussi l’impasse dans laquelle semble s’engouffrer la majorité des militants écologistes aujourd’hui. La COP 21 n’en parlera pas. Or, la question du nombre des hommes sur une Terre aux dimensions finies est la question principale. Quel que soit notre mode d’organisation, il sera impossible de faire vivre durablement plusieurs milliards d’individus (prédateurs en plus) en même temps que le reste du monde vivant.
Récemment encore, lors d’une conférence à Bordeaux Paul Watson déplorait (en accord d’ailleurs avec l’association Démographie Responsable) que la démographie qui était à l’ordre du jour des principales réunions consacrées à la protection de la nature il y a 40 ans ne l’était plus du tout aujourd’hui. Or, dans le même temps le nombre des hommes a été multiplié par deux et le nombre des animaux divisé par deux.
Comment continuer à fermer les yeux sur cette évolution mortifère ? Comment nier la réalité incontournable de la finitude de la planète ? Comment lutter contre ce dévoiement de l’humanisme qui consiste à le réduire à « plus d’hommes c’est toujours mieux » ?
Quand par notre seule présence nous aurons tout détruit, quel regard porterons nous sur le monde ? Quelle excuse nous restera-t-il ? Quelle morale pourrons-nous invoquer ?
Aujourd’hui la seule voie de l’humanisme est celle de la modestie démographique.
La démographie n’est pas la seule question qui se pose, mais elle est le point sur lequel un échec réduirait à néant les succès en n’importe quel autre domaine, c’est en cela qu’elle constitue la question centrale, c’est en cela que la négligence des mouvements écologistes est absolument impardonnable.
Nous sommes aujourd’hui 50 fois plus nombreux qu’à l’époque où dans la Genèse ont été écrits les fameux propos nous invitant à croître et à multiplier, et nous agissons malheureusement avec une morale bâtie dans un monde tout autre, qui ne comportait pas 2 % de la population actuelle. Si l’on définit l’intelligence comme la capacité d’adaptation alors, la définition est sans appel pour l’espèce humaine dans son ensemble dont le sort pourrait bien être celui qu’elle a globalement mérité.