Je vous conseille si je peux me permettre de lire en lien
avec votre article l’excellent papier du « monde diplo » « résister à à l’ubérisation du monde »...
Quelques
lignes :
Voici près de dix ans que nous
sommes otages de deux bouleversements.
Premier bouleversement : la crise financière mondiale, qui
s’est soldée par un sauvetage du système bancaire, a transformé l’Etat social
en un champ de ruines. Le secteur public, ultime rempart contre les avancées de
l’idéologie néolibérale, en est sorti mutilé, voire totalement anéanti.
Le second bouleversement, à l’inverse, est plutôt bien vu.
Dans ce cas, où il s’agit de tout numériser et de tout connecter à Internet —
phénomène parfaitement normal, à en croire les investisseurs capitalistes —,
les institutions doivent choisir l’innovation ou la mort.
Mais il s’est produit cette chose étrange : nous en sommes
venus à croire que le second bouleversement n’avait rien à voir avec le premier
Or il faut souligner que ces deux phénomènes sont
entrelacés, et que la toile de fond de l’évangile de l’innovation n’est guère
reluisante
Pour la Silicon Valley, il n’y a là rien d’autre qu’un
renouvellement technologique. Il s’agit de « bouleverser » l’argent liquide. Si
cette explication peut satisfaire, voire attirer entrepreneurs et
capital-risqueurs, pourquoi tout le monde devrait-il l’accepter sans discussion
? Il faut être totalement aveuglé par l’amour de l’innovation — la vraie
religion de notre temps — pour ne pas voir son véritable prix
Si ce bouleversement passe par la technologie, ses origines
sont ailleurs. Favorisé par les crises politiques et économiques, il aura une
profonde incidence sur notre mode de vie et nos relations sociales. Il paraît
difficile de préserver des valeurs comme la solidarité dans un environnement
technologique fondé sur des expériences personnalisées, individuelles et
uniques