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grognon59 (---.---.156.10) 24 avril 2016 00:27

@ouragan
« L’ensauvagement... »
Combien de fois j’ai lu ce terme...
L’ensauvagement est une réalité dans certaines régions d’Europe. Mais il ne doit rien ni aux écolos, ni aux loups...
Prenons le cas français...

En 1960 (année de ma naissance), la France comptait 39% de ruraux. Aujourd’hui 21% à peine....
Est-ce en raison d’un complot ? Pas vraiment... En tout cas, pas d’un complot écolo...

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, on a poussé les agriculteurs à remembrer et à pratiquer une agriculture intensive, idem pour l’élevage... et ceci de façon quasi industrielle.
Continuant un mouvement entamé dès le début du 20ème siècle (les villages abandonnés de certaines régions des Alpes ou de Corse), il s’est produit une déprise agricole des terres les moins exploitables. Ainsi, pour les Causses du Tarn, de vastes espaces ont été planté de résineux, la production de bois s’avérant plus lucrative que l’agriculture ou l’élevage.

De même (Ah ! Ferrat !), de plus en plus de jeunes ruraux sont partis vers les villes. Et le « retour à la terre » de certains dans les années 1970 n’a pas inversé le phénomène. Ce dernier risque d’ailleurs de s’amplifier, les bureaux de postes, agences bancaires et autres services fermant dans les zones les moins « rentables » (donc les moins peuplées), ce qui amènera les populations à chercher à se rapprocher le plus possible des centres urbains.
C’est triste, je m’en désole, mais c’est comme ça. On le voit tout les jours...

Quant aux relations de l’homme avec la nature, elles sont passés par trois étapes :
1) L’homme dans la nature : l’homme est un animal parmi les animaux et n’a pas de droit spécifique sur la création. Indépendamment de leurs civilisations, certaines cultures (Amérique, Afrique...) ont gardé ce point de vue (enfin, plus ou moins !)
2) L’homme, roi de la Création : Inspiré par le christianisme, ce point de vue considère que l’homme en tant que sommet de la Création domine les animaux. Dévoyé à l’extrême, ce point de vue lui permet de décider quel animal est utile pour lui (et donc peut vivre) et lequel est « nuisible » (donc exterminable).

Nous sommes à la troisième étape : Nous sommes devenus tellement puissants (du moins en apparence et dans nos fantasme) que nous pouvons soit tout annihiler, soit tout sauver. Nous pouvons être la Mort Personnifiée... ou des jardiniers de la nature.

Et c’est là que surviennent nos loups (et les ours, les lynx.... ne les oublions pas).
Nous avons un gros problème : soit nous revenons au point 2 (L’homme, roi de la Création), soit nous comprenons que chaque chose sur cette terre a autant de droit que nous à l’existence.
Cela ne veut pas dire « ne rien faire s’il y a un problème »... mais d’agir avec pondération en essayant de prendre les décisions les moins mauvaises.

Oui, le retour du loup est pour moi un signe positif des capacités de résilience de la nature. Oui, je comprends que les éleveurs et bergers puissent être furieux de voir un troupeau décimé et stressé par des attaques de loups et grands carnassiers. Oui, je suis prêt à faire des concessions, pas tant pour « acheter » la protection du loup que pour éviter la répétition de ce qui s’est passé il y a un siècle.
Rien que pour me rassurer en ayant la preuve que l’on est capable d’apprendre du passé, que l’on a acquis une autre philosophie que « ce sont des sales bêtes, exterminons-les de notre territoire ». Tout simplement car cela nous rendra un peu plus humains que nous le sommes. Et que peut être on commencera alors à se conduire mieux entre nous.

Utopiste ? Peut être... Mais il nous reste quoi comme utopies et grandes idées ? Les 35 heures ? La retraite à 60 ans ? Le plein emploi qui est parti et ne reviendra plus jamais ? Alors pourquoi pas l’écologie, c’est à dire certes la protection des animaux sauvages (qui est impossible à réaliser si l’on ne protège pas d’abord leur habitat), mais aussi le développement durable, voire « la sobriété heureuse » de Pierre Rabhi. Une autre façon de voir le monde, un autre système centré non plus sur l’accumulation de richesses inutiles (chères voitures !), mais sur l’épanouissement de l’être humain..

Une dernière chose. J’espère avoir l’occasion l’un de ses quatre de goûter à l’un de vos fromages. Je vous inviterai à boire une bonne bière belge
 Puissiez-vous, vous et vos chèvres, avoir une vie heureuse...

Je crains que nous ne soyons jamais d’accord sur le loup, mais c’est pas une raison pour se faire la gueule, non ? Et puis, c’est toujours bien de pouvoir communiquer avec quelqu’un « de l’autre côté » qui n’utilise pas les insultes et les clichés les plus éculés (sur les écolos et les loups). D’autant qu’il y a forcément d’autres points sur lesquels nous sommes d’accord... Vous pensez quoi des lynx, des ours et des vautours ? Et puis, peut être que j’ai réussi à faire bouger quelques curseurs... sait-on jamais !

Ah ! Ma profession ? Bibliothécaire dans l’un de ces quartiers urbains qualifiés pudiquement de difficile où je reçois quasi quotidiennement les classes sociales les plus diverses : des bobos (pas écolos du tout, ils se foutent de l’écologie), des étudiants, des profs de tous niveaux, le quart-monde, les réfugiés, des enfants laissés à l’abandon dehors par leurs parents (và à la bibliothèque, c’est gratuit et ils ont des ordinateurs !), etc...
Et à ma disposition une masse infinie de documents, internet ou non, sur les loups, les bergers et leur métier (bien pour cela que je ne les traite pas de fainéants comme le font certains microcéphales), etc....

Bon week-end


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