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fr_lh (---.---.144.142) 4 mars 2007 04:52

@ Neos « [...] comment rendre compatible une approche économique (capitaliste dans la majeure partie des Etats occidentaux) fondée sur l’exigence permanente du profit, de la performance et de la compétitivité, avec celle de la préservation (notamment énergétique, plus globalement des ressources) de notre planète et notre environnement (de travail et de vie). »

(Il faudrait ajouter « et de notre système social ».)

Comment ? Mais, notamment, par un protectionnisme européen régulé.

Je vous propose quelques extraits choisis de textes d’économistes de toutes tendances qui travaillent cette question depuis de nombreuses années (mais qui ont, pour notre malheur, très peu la parole dans les mass-media).

« L’abaissement des barrières douanières entre les pays du Traité de Rome était d’autant plus facile que les pays concernés avaient des niveaux de protection sociale et des cultures politiques en matière de droits sociaux et économiques fortement comparables. Mais, plus on étend la règle de libre-échange et plus on se heurte à des hétérogénéités de culture et de tradition politique qui sont fortes. » J. Sapir

« [...] dans un système de libre échange généralisé, c’est toujours le moins disant-moins coûtant qui l’emporte. » J. Sapir (Aligre FM, émission « des sous et des hommes », 26 oct. 2006)

"[...] la libéralisation totale des échanges à l’échelle mondiale, objectif affirmé de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), doit être considérée à la fois comme irréalisable, comme nuisible, et comme non souhaitable.

Elle n’est possible, elle n’est avantageuse, elle n’est souhaitable que dans le cadre d’ensembles régionaux économiquement et politiquement associés, groupant des pays de développement économique comparable, chaque association régionale se protégeant raisonnablement vis-à-vis des autres.

En fait, une analyse correcte de la théorie du commerce international ne conduit en aucune façon à la conclusion que l’application à l’échelle mondiale d’une politique généralisée de libre-échange pourrait correspondre à l’intérêt réel de chaque pays, que ce soient les pays développés de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord ou le Japon, ou que ce soient les pays en voie de développement de l’Europe de l’Est, de l’ex-URSS, de l’Afrique, de l’Amérique Latine, ou de l’Asie. [...]" M. Allais, prix nobel d’économie (source : www.observatoiredeleurope.com )

[...] [La] seule solution [pour compenser cette concurrence déloyale], c’est de compenser les coûts supplémentaires que, d’une certaine manière, nos sociétés acceptent de s’infliger par de la protection sociale, par de la protection écologique, par de la réglementation du travail [...] Comment compenser ? De plusieurs manières. La plus simple, c’est de compenser par des droits de douanes, qui pourraient être calculés à partir des écarts de productivité. Un pays dont la productivité est très faible ne peut pas en réalité fournir la protection sociale et écologique d’un pays dont la productivité est très forte. Donc ce pays-là ne devrait pas être taxé, ou devrait l’être de manière extrêmement faible. Par contre, quand un pays dont la productivité est très forte - je pense aux Etats-Unis - refuse d’appliquer des réglementations écologiques ou sociales, il doit y avoir des droits de douanes qui compensent le coût de nos propres réglementations.« J. Sapir (Aligre FM, émission »des sous et des hommes", 26 oct. 2006)

"Le partisan d’un véritable protectionnisme moderne milite aujourd’hui, comme l’a proposé Hakim El Karoui dans son récent ouvrage « L’avenir d’une exception », pour le retour d’une souveraineté économique européenne dont l’objet est de mettre en œuvre des politiques de croissance expansionnistes. L’outil qui va permettre que ces politiques expansionnistes profitent à la fois aux populations de nos pays et à celles de nos compétiteurs des pays émergents est la mise en place de barrières, de montants compensatoires ou d’ « écluses » tarifaires ( peu importe la terminologie...) à l’entrée de l’Europe rendant équitables les conditions de production et les termes de l’échange, notamment au sein de zones régionales. Il ne s’agit pas là d’un retour en arrière mais de la condition sine qua non d’un retour à des politiques de croissance économique. La liberté du commerce n’est pas une fin en soi, et l’absence de règles dans le commerce constitue bel et bien un choix politique." Pourquoi nous lancons un défi public à l’intégrisme libre-échangiste, David Cayla (Paris 1), Bernard Gerbier (Grenoble 2 ), Jean-Luc Gréau, Edouard Husson (Strasbourg), Gérard Lafay (Paris 2), Jacques Sapir (EHESS)

« Si on décide, dans le cadre d’un pays, de renforcer la politique sociale mais en augmentant les impôts, ce sont les individus, à la fois travailleurs et citoyens, qui bénéficieront de ces politiques mais qui en supporteront aussi le coût. Si maintenant on introduit, à travers un système de libre-échange, la possibilité, pour des pays dont les niveaux de protection sociale et de salaires sont très bas, de déstabiliser ce choix politique en suscitant des délocalisations, cela revient à donner à d’autres personnes un droit de contrôle sur des décisions prises dans le cadre du premier pays. Or personne n’admet, dans une organisation, que des individus qui n’en sont pas membres s’invitent à une réunion pour y voter. » Ethique du débat démocratique et approche épistémologique, J. Sapir

« L’Europe est le continent le plus libre-échangiste du monde, qui fixe à ses entreprises des contraintes qu’elle n’impose pas aux autres : comment s’étonner dès lors que les Français refusent un système qui les pénalise alors qu’il prétend les protéger ? » L’avenir d’une exception, H. el Karoui

« Le rétablissement d’une souveraineté économique aux frontières de l’Europe renforcerait nos capacités de négociation. Le protectionnisme, ce n’est pas l’autarcie, on définit des zones de protection, tout peut se négocier. Ce n’est pas un univers idéologique, contrairement au libre-échange qui prétend avoir une recette universelle pour tous les produits. » E. Todd (Telerama, n° 2981)

Plus d’info sur ces questions ici :

http://www.protectionnisme.eu/index.php

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=16337


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