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Espérance (---.---.77.55) 7 février 2007 14:18

Le grand défi !

Quand on montre la lune avec le doigt, l’imbécile regarde le doigt. Je ne me permettrai pas de qualifier d’imbéciles ceux qui ont cru que cet article concernait les fumeurs. Je pense qu’ils sont victimes du lavage de cerveau organisé par la télévision. La fatigue mentale que celle-ci procure rend de plus en plus difficile de penser long. Pour ceux qui en ont le courage, je suggère d’essayer de lire et peut-être de relire les commentaires qui suivent et qui ont été qualifiés d’ « article exprimant une opinion personnelle communément développée » et qui donc trouve tout à fait sa place ici.

« Nature-Culture » : match nul ! Très.

« La révolution ou le désastre !" titrait dans son édition du samedi, le journal Le Soir en ligne à propos du rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du climat). Les scientifiques mettent l’humanité face à ses responsabilités, à travers les paroles de la présidente des débats, Madame Susan Solomon : « Dans le cadre de ma démarche scientifique, il ne m’incombe pas de communiquer ce qu’il y a à faire pour lutter contre les changements climatiques. C’est une question de société. La science doit s’abstenir d’aller au-delà de son domaine de compétence... » Tiens ! Pour une fois, voilà un expert scientifique qui ne fait pas d’abus de pouvoir ! Elle ne profite pas de sa position de spécialiste de la ligne droite pour y glisser ses convictions personnelles sur les tournants à prendre. A la fin du XIXième siècle, des experts très scientifiques avaient aussi dit que, si ça continuait comme cela, la ville de Londres serait engloutie, à la fin du XXième, sous trois fois sa hauteur de fumier de cheval ! Surfant sur la vague de ces considérations, bien dans l’air du temps, je me suis après coup pris à regretter d’avoir signé précipitamment une pétition qui circule sur Internet et qui propose de ne plus se fournir en produits périssables véhiculés par avion. C’est vrai que les chiffres proposés en terme de litres de kérosène, et de production de CO2 par kilo de fraises israéliennes ou par bouquet de fleurs équatoriennes étaient impressionnants. Mais bon, il n’y a pas que les petits profits des intermédiaires, la bonne conscience des valentins et le petit cœur des valentines, il faut aussi penser à ces pauvres gens qui, aux confins de la planète, n’ont pas eu d’autre choix que d’accepter de produire ces cultures ou mourir. « Il y a urgence ! », disaient-il, en toute relativité, de leur point de vue limité de climatologues, habités par une échelle du temps qui n’est pas la nôtre. Qui seront les prochaines victimes des mesures si nécessaires ? Qu’à cela ne tienne, les politiques, passés maîtres dans l’art de ne pas décider, très fermement, avec les paroles et les gestes forts qui conviennent aux nécessités de la démocrature, relèvent le défi face à l’opinion publique : ils sont sur tous les débats télévisés. Quant au concret, comment confronter des populations qui grondent à chaque perspective d’avoir à être frustrées de leur bonheur immédiat ? Des études « sérieuses » montrent en effet que « acheter » est un des meilleurs remèdes au stress de l’anxiété et de la culpabilisation. On peut s’en convaincre sans cela, c’est un fait d’expérience commune : « on se fait plaisir » en achetant. Les consommateurs que nous sommes ont bien dû compenser l’effort d’éteindre pendant 5 minutes notre électricité. Peu importe alors les kilos de CO2 et des litres d’eau qui ont été nécessaires à la fabrication de nos petits plaisirs si éphémères. Les publicitaires et directions commerciales se sont frotté les mains : quelle semaine ! Nicolas Hulot, le rapport du GIEC, la candidature de José Bové, la pétition contre le transport en avion des fruits et légumes et l’extinction de l’électricité pendant 5 minutes : quelle aubaine ! Malheureusement, il n’y aura sans doute pas eu de statisticien pour calculer « scientifiquement » l’impact certainement « positif » de tous ces stress sur le chiffre d’affaires et sur la sacro-sainte croissance de la consommation des « ménages » durant le week-end qui a suivi toutes ces annonces apocalyptiques. Le réchauffement de la planète n’est en effet pas que climatique. Cette agitation moléculaire qu’on appelle « température » a déjà envahi les cellules de chaque être humain et parfois même les êtres humains entiers, voire des cellules entières d’êtres humains. Ne parle-t-on pas de fièvre acheteuse ? Les plus agités se manifestent déjà sur le mode terroriste, sous emballage footballistique, religieux ou économique ! Mais ce n’est pas encore une « maladie », comme le sont déjà les enfants mal élevés. Peu importe l’emballage après tout, la seule réalité de tous ces « agités » par le réchauffement des esprits est de détourner à leur profit ce qui avait été conçu au profit de tous ! L’urgence ne serait-elle pas plutôt celle-là, de contrôler ce réchauffement-là ? A moins que, sordidement, l’autodestruction, par autocatalyse des êtres humains, comme dans les fours, ne soit la seule solution à la diminution nécessaire de l’impact écologique de l’humanité. Effrayante pensée que d’oser suspecter nos hommes politiques d’un cynisme tel qu’après avoir contrôlé la violence sociale pour prolonger, par les réparations nécessaires la croissance de la consommation en perte de vitesse, ils soient aussi capables de détourner les regard des vraies urgences sociales vers les relatives urgences climatiques, en laissant hypocritement cette autorégulation faire le « travail », leur évitant d’avoir à déplaire à un électorat de plus en plus frileux ? L’arbre cache souvent la forêt. On a beau jouer les Cassandre, en parlant de l’école, des stades de foot, de vendetta routière, des violences conjugales et pédagogiques, des attentats, du terrorisme, des épidémies de grippe aviaire et de viol, du coût social de l’argent blanchi de la drogue, il se trouve toujours des experts pour focaliser les regards sur une seule forme de violence à la fois, et l’expliquer comme « logique » et devant faire l’objet de maternages supplémentaires. Seuls les fumeurs semblent avoir été et être « libres » de fumer. Sans doute cela nous permet-il d’imaginer qu’on n’est pas libres, nous, de nos petits péchés. Méfions-nous cependant ! Qui seront les prochains boucs émissaires du délire collectif sur la liberté, vraie pour les autres, fausse pour soi, quand tous les fumeurs auront été dégazés, dégagés, incinérés, exterminés. Les choix politiques du capitalisme sont fondés dans la pensée courte du mythe scientifique et de son corollaire, le complexe de Colomb : tout ce qui n’est pas scientifiquement établi est considéré comme faux. Cela permet la privatisation des profits et la socialisation des pertes. Tant qu’il y aura des experts pour contredire toute confrontation aux conséquences des choix politiques, la situation ne pourra que s’aggraver. L’augmentation du stress global se manifestera par un nombre croissant de gens qui, ne pouvant plus amortir, devront se défouler, en tombant soit malades soit délinquants. Librement ? Les fumeurs empêchés de fumer et les hooligans empêchés de casser devront trouver ailleurs, autrement, une soupape à la violence accumulée. Peu importe comment et dans quelle enveloppe symbolique, la santé est un équilibre bien difficile à conserver pas les temps qui courent. La révolution ou le désastre, c’est bien vrai, mais en pensant long plutôt que d’avoir à courir après toutes les causes, les unes après les autres. La cause du mal d’aujourd’hui est de rester complexé devant les experts qui passent leur temps à se disputer sur ses causes, toujours plus complexes que cela. Depuis la nuit des temps, le mal ne se définit pas par ses causes mais par ses conséquences destructrices. Les malfaiteurs, même s’ils ont les meilleures explications du monde, doivent être confrontés et payer les conséquences de ce qu’ils ont fait librement ou pas. Même si les historiens et les psychanalystes cherchent et parfois trouvent la « logique causale et linéaire » des événements, ils ne le font que dans l’après-coup. L’histoire est toujours celle des vainqueurs. Comment considérer autrement la prédation extraordinaire de l’Occident chrétien depuis les conquêtes de Christophe Colomb sur les civilisations et la nature ? L’être humain s’est construit en comprenant les lois qui président aux forces hostiles de la nature. Aujourd’hui, la culture est devenue plus forte que la nature. La nature ne peut plus amortir le manque de respect du genre humain pour les lois de sa nature. L’insécurité régnante n’est pas un problème de police mais de logique. La vie sociale, ce n’est pas n’importe quoi expliqué n’importe comment. La seule et unique solution à la destructivité ambiante est de changer de mentalité, d’état d’esprit, de spiritualité : il s’agit de réapprendre à penser long. Le libéralisme économique est devenu une secte totalitaire : il faut avoir l’air parfait, dès le premier essai. Tout ce qui n’est pas d’apparence parfaite est jugé et condamné comme si la secte avait, elle, « prouvé » ses dogmes et « donc » sa perfection. Ne serait-il pas temps de retrouver ce qu’on n’aurait pas dû jeter en jetant Dieu, une loi centrée sur les besoins fondamentaux des êtres humains en attendant de trouver les lois de sa nature ? Si les lois de la nature s’imposent à l’ingénieur comme conditions d’efficacité, les lois des hommes ne sont « bonnes » que dans l’esprit de servir l’humanité. L’esprit de la loi est ce qui a précédé sa fondation. Une loi humaine ne peut être utilisée à contre sens de ce qu’elle a eu comme objectif. C’est pour cela sans doute qu’existent des juges ! L’urgence est celle d’avoir à choisir entre le « traitement » de la violence des hommes ou de celle de la nature. Il n’y a plus de bon choix. Il n’y a plus de choix qu’entre un mauvais et un très mauvais. La seule révolution possible est celle de s’attaquer courageusement à ceux qui ont délibérément détourné l’esprit des lois pour manipuler les lois à leur profit exclusif. A l’âge adulte, un acte mauvais doit être payé par celui qui l’a commis. S’il doit y avoir des morts, il vaut mieux que ce soit celles de ceux-là et peut-être aussi de ceux qui accepteront courageusement d’affronter leurs peurs au service du plus grand nombre. Si pour être efficace, les lois de la nature s’imposent, les lois de la culture doivent en imposer. Et maintenant, la pub ; restez avec nous ; à bientôt après la pub : cliquez ICI Suite : Cet article a été refusé à la publication par Agoravox pour la raison suivante : « le comité de rédaction n’a pas validé sa publication. Nous considérons en effet que l’article exprime une opinion personnelle communément développée. »

Note de l’auteur à propos de « article exprimant une opinion personnelle communément développée » : je ne comprends pas alors pourquoi les écoles et les tribunaux s’encombrent de cas qui mettent un temps de plus en plus considérable à être traités en raison de la recherche infinies des causes et des motivations. Et pourquoi, au non de cet embouteillage, un nombre de plus en plus considérable de cas ne sont pas non plus traités et classés sans suite pour non lieu. De toute façon, me dira-t-on les prisons sont pleines à craquer... mais, nous a bien dit notre premier ministre hier à la télé, « les criminologues, (des experts, NDLR) nous disent que la violence n’augmente pas. Si j’étais de mauvaise foi, je dirais qu’ils sont tombés eux dans le piège du complexe de Colomb. Mais comme je me refuse à l’être, je pense que la décision du comité de rédaction d’Agoravox est l’illustration même de ce qui est exposé dans l’article : »on pense trop court". C’est de la même manière que sont apparus les camps de concentration nazis, dans la plus grande indifférence générale, chaque maillon de la chaîne ne faisant somme toute qu’une action commune, selon son opinion personnelle, communément développée. Un seul psychopathe aux deux bouts de la chaîne a suffi pour arriver au résultat dramatique que l’on sait et qui très probablement est en passe de se répéter. Si vous pensez que c’est une opinion gratuite et facile, relisez l’article pour l’exercice. Lorsque tout cela se sera passé, on trouvera bien un expert pour nous l’expliquer, comme logique, une fois de plus.


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