à monsieur moderatus
Je ne pense pas très utile de poursuivre mes commentaires,
vos réponses n’en étant pas. Vous êtes persuadé que Fidel Castro est un
épouvantable tyran, libre à vous. J’eusse seulement souhaité, pour pouvoir vous
prendre au sérieux, vos lecteurs et moi-même, que votre position repose sur des
bases d’information un peu plus solides que les poncifs éculés que vous nous
avez présentés jusqu’ici.
En tout cas, je vous plains : dans votre France avachie,
de plus en plus triste à regarder, dans votre sinistre environnement
politicard, hélas, vous ne pourrez jamais vivre cette passion de peuple que
nous avons vécue ici et continuons de vivre, ni vibrer comme vibrent des
millions et des millions de personnes quand une même cause généreuse les unit
et les pousse de l’avant. Oui, je vous plains. Si l’immense majorité de la population
cubaine, et même la génération qui ne l’a jamais connu directement à la tête du pays, a rendu et continue de lui rendre
un hommage si passionnément lucide, c’est parce que Fidel incarne pour eux non
seulement la Révolution qui leur a enfin donné la dignité et la liberté de
nation au terme de quatre siècles de colonialisme et de soixante ans de néocolonialisme,
mais aussi un projet de société meilleure et un espoir de monde meilleur. Mais
des gens comme vous, à la bonne
conscience blindée, ne le comprendront jamais : vous continuerez d’être
persuadé d’avoir raison contre les évidences les plus aveuglantes, les
témoignages les plus éloquents ! Pour vous, le peuple cubain est asservi, inconscient
de son triste sort, et vous n’en démordrez pas. Tant pis pour vous. Oui,
vraiment, je vous plains.
Au revoir.
Jacques-François Bonaldi (La Havane)