CHARLIE HEBDO / L’OPINION DU CHEF
Fin 2000, Mona Chollet avait été virée elle aussi pour délit d’opinion : lors d’une réunion interne, elle avait osé contester un édito de Philippe Val qui qualifiait les Palestiniens de « non civilisés ».
« Il est tellement ignorant des autres cultures qu’il n’imagine pas qu’on puisse être “civilisé” autrement qu’en lisant Spinoza avec ses chats sur les genoux, dit-elle.
Quelques jours après, il m’a convoquée et m’a annoncé qu’il arrêtait mon CDI après le mois d’essai, alors que j’étais pigiste depuis un an. Ça m’a sidérée. Il ne m’a pas dit pourquoi, mais ça crevait les yeux. Finalement il m’a dit : “Je ne suis pas sûr que tu sois en accord avec la ligne que je veux donner au journal”. »
Dans la ligne, le maquettiste Pierre-Yves Marteau-Saladin l’était lors de son embauche à Charlie Hebdo. Croyant détecter en lui un serviteur de confiance, Philippe Val lui confie la mission secrète de MOUCHARDER les salariés coupables de dissidence et de lui rapporter leurs propos.
C’est du moins ce que racontera le maquettiste une fois viré, écoeuré par « l’état d’autocratie que Philippe Val a instauré ». Apparemment, l’indic n’a pas donné satisfaction. « La liberté d’expression n’est pas négociable », bonimente Val à la télé.
C’est vrai, à quoi bon négocier avec ses contradicteurs quand il suffit de s’en débarrasser ?