@Jeussey de Sourcesûre
Pendant longtemps je me suis couché tôt, avec un bouquin de Simenon. Odeur de pipe, de ragoût, de la sciure qu’on étale dans les cafés. C’était une époque où les gars qu’allaient au turbin sifflaient dans la rue. Maigret observe cela de loin accoudé au bar. Il ne boit pas beaucoup. Juste deux ou trois fines déjà le matin. Juste ce qu’il faut à un homme normal pour se maintenir, et soutenir une conservation au zinc, sans passer pour un profiteur.....
Les enquêtes de Maigret continuent à nous parler de cette ambiance particulière qu’on trouvait à Paris, et en fait dans la France entière. Car Paris à l’époque était encore une province...J’accompagnais mon père qui était marchant de chaussures et s’approvisionnait dans des grands entrepôts qui n’avaient pas bougé depuis cent ans tout près du quartier des halles.
C’est là dans les morves grises du matin, où les forts se cognaient sur l’épaule de grands quartiers de bœufs, leur pas traînant dans les mares de sang, que j’ai croisé pour la première fois, tout gamin, mes premiers personnages de Simenon, une éternelle gauloise leur tremblant au bout du bec.
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