Mardi 21 mars 2017 :
Affaire Fillon : l’enquête élargie
à des faits d’« escroquerie aggravée », « de
faux et usage de faux. »
Les enquêteurs ont saisi à
l’Assemblée nationale des documents laissant penser que les époux
Fillon ont pu produire des faux pour justifier les salaires de
Penelope Fillon.
Selon les informations du Monde, le
parquet national financier (PNF) a délivré, jeudi 16 mars, un
réquisitoire supplétif pour « escroquerie aggravée, faux et
usage de faux » aux juges d’instruction en charge de
l’enquête sur les époux Fillon – Serge Tournaire, Aude Buresi
et Stéphanie Tacheau –, ouverte pour détournement de fonds
publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits,
trafic d’influence et manquement aux obligations déclaratives.
Cette décision fait suite à une
deuxième perquisition menée courant mars à l’Assemblée
nationale – une première avait été effectuée par les enquêteurs
le 31 janvier dans le cadre de l’enquête préliminaire – et
à l’occasion de laquelle de nouveaux documents ont été saisis.
Ces feuilles, signées par Penelope Fillon, comportaient différents
calculs d’heures travaillées.
Les enquêteurs se demandent si ces
calculs ne constituent pas des faux, établis pour justifier a
posteriori les salaires versés à l’épouse du député de Paris
et conforter la réalité de son travail d’assistante
parlementaire. On ignore à qui était destinée cette déclaration
d’emploi et à quelle période de sa vie professionnelle ils
correspondent.
Dans son édition du 22 mars,
Le Canard enchaîné ajoute par ailleurs qu’alors que Penelope
Fillon cumulait deux emplois à plein temps, entre le 1er juillet
2012 et le 30 novembre 2013, à l’Assemblée nationale et à
la Revue des deux mondes, les époux « ont carrément signé
une fausse déclaration, certifiant aux fonctionnaires de l’Assemblée
que madame ne bossait pas plus d’une trentaine d’heures par mois
à la Revue des deux mondes où elle était payée pour
151,67 heures ». Le règlement de l’Assemblée nationale
limite à cent quatre-vingts heures le cumul d’emplois pour ses
salariés.
Penelope Fillon est convoquée en vue
de sa mise en examen le 28 mars par les juges d’instruction,
si toutefois, comme pour son époux, son avocat ne demande pas à
décaler cette date afin d’éviter le rassemblement des
journalistes. « Ce supplétif ne concerne pas exclusivement
Mme Fillon », indique une source proche du dossier.
Contacté, l’avocat de Mme Fillon,
Pierre Cornut-Gentille, s’« indigne des fuites dans la presse »
et réaffirme que sa cliente entend réserver ses premières
déclarations aux magistrats instructeurs.
Le conseil de M. Fillon, Antonin
Lévy, n’a pas donné suite à nos demandes.
Le 16 mars, l’enquête avait
aussi été élargie à des faits de trafic d’influence en lien
notamment avec les activités de François Fillon pour sa société
de conseil 2F. Cette société a notamment travaillé pour la holding
de l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, Fimalac.
M. Ladreit de Lacharrière a aussi
prêté 50 000 euros, sans intérêts, à l’homme
politique en 2013, somme qui a été depuis remboursée, mais
n’a pas été déclarée.
http://www.lemonde.fr/affaire-penelope-fillon/article/2017/03/21/affaire-fillon-l-enquete-elargie-a-des-faits-d-escroquerie-aggravee-de-faux-et-usage-de-faux_5098534_5070021.html