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njama njama 13 juillet 2017 14:31

L’analyse de Thierry Meyssan est intéressante pour comprendre un revirement qu’il explique par la volonté US, des Séoud, de l’Égypte d’en finir avec les Frères musulmans, eux-mêmes soutenus par le Qatar, l’Iran, la Turquie lesquels sont par principe islamique hostiles à une guerre entre sunnites et chiites.
Or Ryad soutient de plus en plus Israël qui fait de l’axe (chiite) Hezbollah - Damas - Bagdad - Téhéran son ennemi, ceci expliquerait cela ... une histoire d’alliances politiques pour une influence régionale.

Les (soi-disant) mensonges d’Al Jazeera, un cache-sexe dans cette histoire qui tourne au ridicule ...

Islam et cléricalisme au Moyen-Orient élargi
[......]
Le parti politique des Frères musulmans a été reconstitué, en 1951, par les services secrets britanniques sur les ruines de l’organisation homonyme d’Hassan el-Banna. Il est la matrice du terrorisme dans le monde musulman, ayant formé la totalité des chefs des organisations terroristes, d’Oussama Ben Laden à Abou Bakr al-Baghdadi. Ce parti politique et ses organisations armées travaillent en collaboration avec les puissances impérialistes. Il n’y a rien de religieux là dedans.

Il importe de comprendre que les Frères musulmans et leurs organisations jihadistes, Al-Qaïda et Daesh, ne sont pas des musulmans radicalisés ainsi qu’on aime à le prétendre en Occident. Il s’agit de mouvements politiques et non pas religieux. Le fait qu’ils citent à longueur de temps des passages du Coran n’en fait pas des religieux. Ce sont juste des cléricaux.

Le revirement contre le « printemps arabe » a débuté, en juin 2013, en Égypte où 33 millions de citoyens ont défilé durant cinq jours contre la dictature du Frère Mohamed Morsi et pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel par l’armée. La totalité —sans exception— des partis politiques et des organisations religieuses s’est unie autour de l’armée contre les Frères musulmans, c’est-à-dire pour la laïcité et contre le cléricalisme. Dans les mois qui suivirent, le chef des armées, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui ambitionnait d’être élu président, transmit à l’Arabie saoudite des documents saisis au siège des Frères. Ils attestaient que des membres de la Confrérie préparaient depuis le Qatar un renversement des Séoud. La réponse de Riyad ne se fit pas attendre : arrestation de quelques membres de la Confrérie en Arabie, attentats au Qatar et soutien inconditionnel à l’élection du général al-Sissi.

La situation des Séoud était d’autant plus compliquée que
- toute la Confrérie n’était pas impliquée dans le complot ;
- que, depuis 1961, ils étaient les sponsors de la Confrérie via la Ligue islamique mondiale ;
- et que leur régime était adossé au wahhabisme, donc clérical comme les Frères musulmans.

Les Séoud donnèrent carte blanche aux Nayef pour réprimer les putschistes et rétablir l’ordre. Ils agirent comme ils l’avaient fait en 1990 lors de la révolte des sourouristes. À l’époque, un leader des Frères musulmans, Mohammed Sourour, était parvenu à convaincre des wahhabites saoudiens de prendre le pouvoir. Il fallut cinq ans pour vaincre la rébellion [1].

C’est ce passé qui a ressurgi lorsqu’en mai 2017 le président Donald Trump est venu à Riyad sommer les puissances musulmanes d’en finir avec les Frères musulmans. Les Séoud ont décidé cette fois de réagir en rompant non seulement avec la Confrérie, mais en abandonnant l’islam politique. Que l’on comprenne bien : le fait de prendre le parti de la laïcité ne change en rien celui d’être fondamentaliste, salafiste. La monarchie du roi Salmane se trouve dans la même position que la monarchie française de Philippe le Bel. Pour accompagner cette évolution décisive, le conseil de famille des Séoud a accepté par 31 voix contre 4 de préparer l’abdication du roi Salmane, de mettre fin à la règle adelphique de succession au trône, de sauter deux générations et de désigner le prince Mohammed ben Salmane comme son prochain roi.

De leur côté, le Qatar et la Confrérie se sont immédiatement rapprochés de la Turquie et du Pakistan. Surtout, ils ont fait alliance avec l’Iran, dont ils combattent encore les Gardiens de la Révolution sur les champs de bataille syrien et yéménite, mais dont le gouvernement de cheikh Rohani partage leur conception cléricale de l’islam.

Ce retournement de l’Iran met en évidence l’opposition entre son pouvoir politique et son pouvoir militaire. Il s’appuie sur le pacte conclu entre Hassan el-Banna, le fondateur de la première Confrérie des Frères musulmans, et le jeune ayatollah Khomeiny. Un pacte selon lequel les Frères ne lanceraient pas de guerre de religion entre sunnites et chiites, engagement qui a volé en éclats avec Daesh. Surtout, il s’appuie sur les ambiguïtés de la Révolution de 1979, à la fois mouvement laïque anti-impérialiste et processus identitaire clérical, et sur l’évolution de la fonction du Guide Ali Khamenei, à la fois leader de la Révolution mondiale et politicien local chargé des équilibres entre factions.

Au vu des treize exigences transmises par l’Arabie saoudite et l’Égypte au Qatar, il est peu probable que le conflit entre laïques et cléricaux se résolve rapidement. La question se pose de savoir si les Occidentaux comprendront ce qui se joue actuellement dans le « Moyen-Orient élargi ». Eux qui présentaient le président Ahmadinejad comme un clérical, eux selon qui le Frère Morsi n’avait pas truqué son élection et avait été renversé par un coup d’État ; eux qui prétendent que la Libye et la Syrie n’ont pas été attaquées de l’extérieur mais ont été le théâtre d’une révolution démocratique. À force de se mentir, on perd contact avec la réalité.


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