• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Renaud Bouchard Renaud Bouchard 28 août 2017 16:10

@quand
Je ne louvoie pas, pour reprendre votre propos.. Étant assez bon marin je n’ai nul besoin de louvoyer, remonte le vent et gouverne au plus près.

Mon cœur est largement ouvert aux autres, plus que vous ne sauriez l’imaginer. J’ai à ce titre vu, parcouru et vécu dans bon nombre de pays pour finir par me faire une idée assez réaliste du monde ambiant et de la manière dont certains s’évertuent à expliquer aux autres leur conception d’être humain désireux de paix sur terre. Une paix des cimetières, la plupart du temps, sans le consentement de ceux qui en ont constitué le terrain d’exercice, comme le montre une réalité quotidienne qui a décidément du mal à percer le brouillard de votre entendement.

Vous ne sauriez valablement me reprocher quoique ce soit dans la description d’une réalité qui s’impose à vous comme à tout le monde mais que beaucoup persistent à nier, refuser de voir, écarter parce que trop dérangeante.

L’islamisme n’est pas un dérivatif mais bien au contraire une réalité sanglante sui generis qui refuse de s’accommoder de ce qui lui est étranger. Je ne saurais trop vous suggérer de lire les pages passionnantes écrites par le regretté Bruno Etienne, qui fut un spécialiste en la matière.

Quant à la lecture que vous faites de ma démarche qui, selon vous (je vous cite) : " n’est pas celle d’expliquer les guerres actuelles et les attentats, mais de convaincre par le mensonge du bien-fondé MORAL des guerres", je discerne là une erreur d’analyse fondamentale.

Pourquoi aurais-je besoin de convaincre par le mensonge (!) du bien fondé moral des guerres ?

Les guerres s’imposent comme telles et puisque d’un côté on invoque une morale supérieure (religieuse, civilisationnelle etc.) qui s’oppose directement à tout ce que nous sommes (religion, civilisation, Europe, Occident chrétien etc),

Or il se trouve que nous nous battons avec les armes intellectuelles de l’ennemi mais sur un tout autre terrain où la seule morale qui vaille, le seul justificatif du bien-fondé moral (pour reprendre votre expression) de la guerre que nous menons aussi repose en réalité sur le seul fait que nous n’avons pas à nous laisser trucider sans répliquer au nom de justifications (islam, islamisme, vengeances sans fin etc.) et de pratiques annexes (terrorisme) que nous réprouvons, quelles que puissent être leurs justifications ou leurs raisons.

Comme l’explique R. Skidelsky, professeur émérite d’économie politique à l’université de Warwick, « le terrorisme ne constitue pas en lui-même une menace existentielle. La gravité réside davantage dans l’effondrement des structures de l’Etat au sein de nombreux pays dont sont issus les terroristes. » Il faudrait rajouter, pour être exact, que le terrorisme naît, demeure et ne prospére que s’il ne rencontre rien qui soit susceptible de lui résister ; il se nourrit de la faiblesse et de la peur qu’il inspire à ses adversaires.Il trouve aussi sa force dans la faiblesse des Etats hôtes ou cibles, la cécité et la lâcheté de populations qui multiplient alors les excuses pour en minimiser ou en ignorer l’existence et la menace qu’il représente ou pire encore, le justifier en parlant de représailles..

En cela il ne représente rien d’autre, jusqu ’à un certain point, que la complaisance dont on l’entoure. Or il se trouve que je réprouve cette complaisance, cette faiblesse, cette lâcheté.

Point de morale dans la lutte que nous devons mener contre les auteurs de ce terrorisme et les criminels qui l’inspirent ou lui servent de bras armé.. Un cannibale veut-il vous dévorer, allez-vous le manger pour autant ? Vous l’évitez. Insiste-t-il ? Vous le tuez. Nous n’avons pas affaire à une religion qui serait pervertie, comme vous l’écrivez, mais bien à une religion perverse en elle-même, intrinsèquement violente et avec laquelle nous n’avons pas à composer dans la mesure où elle n’entend pas le faire et où elle considère qu’elle n’a même pas à coexister avec ce qui lui est étranger.

Un bref retour dans un passé récent, qui à l’époque avait soulevé de vives réactions des intéressés, devrait vous rappeler quelques souvenirs. J’évoque ici le fameux discours de Ratisbonne de SS Benoït XVI prononcé le 12 septembre 2006 qui fit couler beaucoup d’encre et grincer beaucoup de dents chez les bien-pensants et les musulmans lorsque le Pape, évoquant les rapports entre la religion et la violence, citant un dialogue situé en 1391 entre un érudit persan et l’empereur byzantin Manuel II Paléologue, le musulman s’entendit répondre par le souverain (chrétien) à propos de la guerre sainte contraire à la Sourate 2, 256 (« Nulle contrainte en religion ! ») :: « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait »

Si « la guerre est loin d’être l’objectif, la fin, voire la substance du politique », elle constitue « cette hypothèse, cette réalité éventuelle qui gouverne selon son mode propre la pensée et l’action des hommes, déterminant de la sorte un comportement spécifiquement politique  » écrit C. Schmitt. (Carl Schmitt, La Notion de politique. Théorie du partisan, trad. Marie-Louise Steinhauser, Paris, Flammarion, « Champs », 1992).

Je vous suggère un passage par la lecture des textes de M. Wievorka, M. Walzer ou encore de M. van Creveld pour ne citer que quelques (très) bons auteurs, puis de revenir me voir sur cette tribune où je serai très heureux de m’entretenir plus longuement avec vous.

Bien à vous,
Renaud Bouchard


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès