@Amaury
Pas bien gai, tout ça ! Ce sont là des pensées d’automne : « Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres... ». Mais comment ne pas partager votre désenchantement !
Nous sommes les héritiers des trente glorieuses, c’est-à-dire de la fin du moyen-âge. Ce n’était certes pas bien gai, les techniques n’avaient guère évolué depuis le néolithique, mais on attendait avec impatience l’an 2000, on espérait du nouveau. Il est bien là, mais ce n’est pas exactement ce que nous avions prévu.

Nous en sommes encore à croire pouvoir distinguer une renaissance, un âge classique, un siècle des révolutions avant les temps modernes, mais la vraie coupure décisive apparaîtra beaucoup mieux dans quelques siècles s’il y a encore quelque chose sur cette planète qui soit encore capable de penser, et elle est pour le milieu de ce siècle, quand les machines nous auront définitivement dépassés. Je disais que nous étions à la fin du moyen-âge, mais il vaudrait mieux dire : à la fin du néolithique. Nos procédés de fabrication industrielle sont encore les mêmes qu’à l’époque où naissait l’écriture, par soustraction ou modification de la matière brute, et non pas, comme demain, par arrangement calculé des atomes

Toutes les époques de l’humanité, à quelques années de sa fin, se trouvent étrangement réunies dans une sorte de grande parade chaotique ressemblant à ces danses des morts qui ornaient les cimetières du XVe siècle. Dans les grands laboratoires, la science progresse comme jamais dans le temps même où, dans nos rues, un VIIe siècle primitif et barbare refait surface . Et l’illettrisme, partout, fait des ravages, en dépit des moyens d’accès au savoir qui n’ont jamais été aussi aisés.

Le moment présent offre une telle image d’incohérence et d’instabilité qu’on peut être sûr qu’il ne pourra pas durer bien longtemps. Je ne sais pas si c’est vraiment une consolation !