@pioupiou
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En arrivant dans le Quartier latin, les voltigeurs prennent en chasse les jeunes présumés « casseurs » qu’ils croisent. À minuit, Malik Oussekine sort d’un club de jazz.
Des voltigeurs le remarquent et se lancent à sa poursuite. Malik
Oussekine tente de s’enfuir. Il croise un homme qui rentre chez lui.
Celui-ci, fonctionnaire
des finances, laisse l’étudiant entrer dans le hall de son immeuble,
mais les policiers entrent à leur tour. Selon le fonctionnaire des
finances, seul témoin des faits, les voltigeurs « se
sont précipités sur le type réfugié au fond et l’ont frappé avec une
violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de
matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos »6.
Le SAMU,
arrivé sur place peu de temps après, apporte les premiers soins à Malik
Oussekine et le transporte en réanimation aux urgences chirurgie à l’hôpital Cochin, où il est déclaré officiellement décédé à 3 h 20.
Mais il était déjà bel et bien mort dans le hall de l’immeuble comme le
révèle le rapport du médecin régulateur du SAMU, le jeune homme ayant
été malgré tout transporté à l’hôpital pour éviter tout incident7. Selon les médecins, l’étudiant souffrait d’une insuffisance rénale8 qui induisait une certaine faiblesse physique, ce qu’annonce à la presse le procureur de la République de Paris, Michel Jeol.
Le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua et le ministre délégué chargé de la Sécurité Robert Pandraud suscitent alors une controverse en ne condamnant pas l’action de la police. Dans un entretien au journal Le Monde, Robert Pandraud déclare : « La mort d’un jeune homme est toujours regrettable, mais je suis père de famille, et si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit. […] Ce n’était pas le héros des étudiants français qu’on a dit »9.
Réaction de l’extrême droite : « Des Français comme les Oussekine, on
peut s’en passer […]. On se souvient de la mort du petit casseur
gauchiste nommé Malik Oussekine. Malgré son état de santé lamentable, il
n’avait pas hésité à attaquer en pleine nuit les forces de police
chargées du maintien de l’ordre » (extrait du journal du Front national
varois, 20 janvier 1988)."