@Christian Labrune
Il serait intéressant d’analyser
dans quelle mesure les bonheurs et plaisirs terrestres varient avec le dédain des
péchés capitaux. La courbe serait nécessairement asymptotique puisqu’un
organisme ne peut supporter plus de jouissances qu’il n’en peut souffrir.
Voltaire était déiste, croyant en l’existence
d’un dieu ignorant totalement l’humanité.
On peut discuter indéfiniment du
pari de Pascal. On peut imaginer que le philosophe y avait réfléchi lui-même
longuement avant de le jeter sur une
page blanche.
Pascal était très complexe :
philosophe, mystique, bricoleur, mathématicien, homme d’affaires, écrivain etc.
Un jour que je dînais avec un polytechnicien en Inde, nous en vînmes à
critiquer la fiscalité locale. Très
vite, mon interlocuteur s’enflamma jusqu’à donner l’impression qu’il venait, seul
et en quelque minutes, de trouver une solution aux problèmes fiscaux du vieux
sous-continent. Il avait tout simplement quantifié un problème humain. Les
matérialistes ou, si vous préférez, les totalitaristes croient que tout est
quantifiable. Je crois que Pascal n’a pas résisté à le tentation de toucher à
la quantification du salut. Fallait être gonflé mais il n’a pu éviter de s’y
frotter.
La pensée de l’Humanité est une
boule de neige. Elle porte les fulgurances reçues par les pharaons comme par
les papes, Napoléon, ma grand-mère et bien d’autres. Le dogme de l’Immaculée
Conception résulte sans doute d’une fulgurance de Pie IX. Fastoche de se moquer
de ces choses-là mais pas question d’empêcher la moquerie car la liberté d’expression
reste sacrée et Dieu a voulu que l’être humain soit libre pour accéder au salut.
Quant à la moquerie, elle rend le doute plus supportable.
Si l’Humanité devait survivre encore
pendant quelques millénaires, il est très probable que des aggiornamenti résultant
de nouvelles fulgurances viendraient corriger des dogmes antérieurs. Ne soyons
pas immodestes devant la foi, la mécréance ou l’Histoire de l’Humanité.
Je
trouve que vous y allez un peu fort en faisant un procès de bonne foi aux
croyants.
Un
aveu : depuis plus de30 ans maintenant, ma maxime favorite de La Rochefoucauld
est
« Les vieux fous sont plus fous que les jeunes ». Etrangement, elle m’amuse mais, à vrai dire, je ne sais pas trop pourquoi.