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rené fix 1er mars 2007 18:41

Si j’ai bien compris le sens de cet article, vous invitez les candidats,et plus largement les futurs responsables politiques à une approche nouvelle des politiques culturelles ? mais n’est-ce pas là que le silence des intellectuels et des hommes de culture est le plus criant. Comme vous, je pense que cela ne sert plus à rien de critiquer le ministère de la culture ; il ya un certain temps déjà que ce ministère vit en apnée intellectuelle tout simplement parce qu’il s’est montré incapable de produire un sens « moderne » (c’est à dire une réactualisation des objectifs de Malraux à l’heure du numérique) et surtout parce que les artistes eux-mêmes, qui parfois vivent en fonctionnaires de la création sur denier public, se sont bien gardés de réinterroger le système et les missions d’un service public de la culture. Pour traiter d’un domaine que je connais bien , celui du théâtre et du spectacle, les signaux alarmants des limites du système étatique se font sentir dans toute la France, et il n’est même pas nécessaire de rappeler la poursuite de la crise des intermittents : des Centres dramatiques nationaux qui sont au mieux des préfectures satisfaites de l’académisme d’état et au pire des trous financiers, des scènes nationales qui ne sont que l’émanation parfois sensible mais toujours discutable des goûts d’un directeur qui ne se soucie pas d’objectifs d’éducation populaire et des compagnies qui dépensent autant d’énergie à vivre et à créer dans leur région d’origine qu’à tourner dans le reste de la France. Pour faire court un système fossilisé, crispé sur ses baronnies et ses réseaux et qui en plus, se trouve, dans un large ensemble, incapable de répondre à la plus élémentaire de ses missions : élargir le cercle des fidèles. Mais que cela soit clair, il n’est pas dans mon intention ici de jeter le bébé avec l’eau du bain, mais d’inviter clairement celles et ceux qui pensent que la force d’un pays se mesure aussi à l’élan poétique et créatif qu’il est en mesure d’inspirer ; de les inviter donc à reprendre le chemin de la discussion et de la persuasion. A l’heure d’une régionalisation galopante (rappelons que le ministère de la culture a été un des premiers à régionaliser ses pratiques financières et administratives) que peut bien vouloir dire une politique culturelle nationale ? Entre des soucis de transmission du patrimoine et ceux de la création, est-il encore possible de penser « l’action culturelle », même si pour certain le mont fleure bon la MJC ? Quid des missons éducatives de nos institutions culturelles, de la place qu’elles accordent au public, au non-public (je sais, là aussi à quel point il est encore de bon ton de rire de cette notion de non-public) ? N’est-il pas possible, dans le cadre des objectifs éducatifs de ces institutions, d’intégrer de façon plus claire et plus dynamique le public (dois-je dire l’usager ?) dans le processus de programmation ? A l’heure de la démocratie participative, du net, des blogs...le discours sur l’art et les pratiques se diversifie, se banalise parfois, se vulgarise même mais il témoigne d’une vitalité critique fondamentale qui ne trouve pas d’écho dans nos vénérables maisons culturelles. Le débat ne fait que commencer, il serait dommage qu’il ne rencontre que des murs d’indifférence ou de respect poli. La culture, si elle entend rester une spécificité et une priorité nationale, doit ouvrir les portes à l’évaluation et à la confrontation. La crise supposée du livre, du disque, du théâtre, des musées n’est pas une crise de l’objet livre, disque...elle est tout au plus le signal de plus en plus visible d’une inadaptation de nos institutions culturelles avec les enjeux des « produits » culturels d’aujourd’hui. Le terme n’est certes pas joli, mais à trop vouloir ignorer ce qu’il induit (la consommation de biens culturels) on risque fort de voir nos artistes les plus sincères se retrancher dans un silence outrée pour ne pas tomber dans les pièges du divertissement. Redonner de la dignité et de l’envergure à n os artistes ne pourra se faire que dans le dialogue entre l’artiste et le public, entre l’oeuvre et l’oeil du spectateur. D’où l’urgence à repenser notre politique éducative ; à la repenser avec force et audace, non pas avec quelques projets d’action culturelle (les fameux PAC) par ci par là, mais en offrantà tous les élèves les possibilités réelles d’une rencontre avec le geste de la création. Ce sont là des paroles bien générales et bien généreuses mais le débat ne fait peut-être que commencer.


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