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Une contradiction 26 décembre 2017 20:22

A l’auteur de cet article et à ceux qui ont exprimé leur accord avec ce qui y est dit, salutations.

Je constate que peu (sinon même aucune) de contradiction vous a été présentée, il y a donc comme quelque chose d’incomplet dans vos échanges. Permettez que je vous livre un point de vue différent.

Devrais - je commencer par dire que je suis Noir, une catégorisation que je n’aime certes pas même si je sais parfois m’accomoder de ce genre de raccourcis innocents voire inoffensifs qui tiennent plus à notre humanité (contre laquelle nous ne pouvons souvent rien) qu’à une intention claire de faire du mal...

Griezmann raciste ? Non certes non. Et je ne suis pas spécialement étonné qu’il soit traité comme tel, la calomnie étant courante sur les réseaux sociaux. Que l’on s’indigne de cela est tout à fait normal. L’histoire de ce jeune homme parle pour lui, on ne va pas la refaire, c’est un grand fan de basketball américain par ailleurs. Ce qui pose problème est votre définition de la nature de son acte. Vous me dites que cet acte est innocent ? Je suis d’accord avec vous. Vous me dites qu’il n’y a aucun mal à le répéter et que Griezmann le reniant sur son compte Twitter est une faute ? Je m’oppose fortement à votre point de vue et vous dis que Griezmann au moins a le mérite bon qu’il est d’avoir accepté que certains soient blessés par cet acte. Car oui le black face messieurs est raciste, il nous renvoie à un passé pas si lointain d’oppression raciale où cette marque de cirage était une moquerie grossière du noir qui attentait à son essence, à sa race (je sais que le terme est comme banni). Ce n’est pas parce que l’indignation de ces noirs à toujours eu moins de retentissement en France qu’en Amérique qu’elle n’a jamais existé. J’ai moi (et mes semblables auprès de qui j’ai mené une rapide enquête) toujours ressenti un grand malaise face au black face chaque fois que je m’y suis trouvé confronté. Pas ce malaise qui naît lorsque l’on est victime des moqueries insistantes d’un mauvais plaisantin mais plutôt un malaise qui dit « ah ma couleur encore, décidément... ». Et si je n’ai jusqu’ici jamais exprimé vivement ma désapprobation c’est par un désir simple de ne pas faire de scandale, quelque chose de très français à bien des égards. Pourtant je ne peux vous cacher que je suis heureux quand cette indignation que je n’exprime pas moi nous vient des Amériques et calme un peu les ardeurs des adeptes occasionels du black face.

Je vous exprime mon indignation en toute sincérité et vous comprendrez d’autant plus mon dégoût quand je vois nombre d’entre vous nier cette indignation (« on ne peut plus rien dire ! » « Il n’a pas à s’excuser ! »), cela correspond à un « crachat à la gueule » simplement.

Vous me permettrez une comparaison que je trouve censée avec un sujet sensible dans le monde. Me permettrait - on de me déguiser en prisonnier juif d’un camp nazi pour une soirée halloween par exemple ? Pourquoi pas ? Je n’ai que peu de lien (oui tout à fait) avec le massacre de ces pauvres gens, je suis un noir qui ne sent que peu concerné par cette histoire (re-tout à fait). J’arrive tout de même à ressentir une certaine compassion pour les victimes, d’où mon choix du port de ce costume rayé, je veux leur rendre un certain hommage. L’intention est innocente, pourtant me permettrait - on de le faire ? Et ne venez pas me dire que ce n’est pas la même chose, que mes propos sont choquants, parce qu’alors je vous répondrais aussi sec, votre indignation n’est semble-t’il pas la mienne, elle n’est pas plus importante, la mienne n’est pas plus insignifiante.

Pourtant....

Je ne me permettrais jamais une telle attitude, car je sais être réceptif aux sollicitations des uns et des autres (et je crois que c’est ce qu’il manque à certains d’entre vous). On ne peut simplement pas choisir d’ignorer avec une certaine touche de dedain des milliers de réactions indignées fussent-elles toutes colériques. Mon prochain me fait savoir ma souffrance qui est de mon fait ? Il a l’air sincère ? Je m’engage même sans le lui dire à changer mon attitude. C’est ainsi que devraient vivre les hommes dans une société qui privilégie la paix et non la confrontation dans laquelle le nom du vainqueur n’est jamais sûr.

Merci de m’avoir lu.


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