... Toutes
ces marmites, que le feu avait colorées d’un noir mat à
l’extérieur, suintaient intérieurement de manière impalpable et
permanente. C’était comme si la fonte dont elles étaient faites
transpirait légèrement. Il s’en dégageait une odeur tenace de
fumée, mêlée à celle des aliments, comme si elles restituaient un
peu de ces mille plats qu’elles avaient servi à cuisiner. Les
détergents n’existaient pas alors et je soupçonne qu’ils auraient
bien été capables de tuer le revêtement satiné de mes marmites et
la bonne odeur qui s’en dégageait. Le dégraissage avait lieu avec
du savon, des cristaux de soude ou de la lessive, dissous dans l’eau
chaude. De la cendre, tirée du feu de bois, servait d’abrasif
délicat en cas de besoin. ...