• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


(---.---.227.193) 2 mars 2007 14:04

LETTRE AUX ASSASSINS. C’était le matin de Noël. En ce matin du 25 décembre 2006, les enfants se sont levés de bonne heure, le regard déjà plein d’espérance de toutes les merveilles apportées par Le Père Noël et déposées au pied du sapin. La joie, les sourires, l’instant de frisson de la découverte du cadeau tant désiré. 1 moto téléguidée sans fil, 1 Ken pour pouvoir enfin marier sa Barbie, les rires, l’émerveillement et la magie du matin de Noël, j’espère que vous connaissez ou connaîtrez cela un jour.

Puis, parce que la vie reprend son cours, le petit déjeuner, la douche, les préparatifs pour aller passer la journée avec les grands-parents qui n’habitent pas trop loin. A peine à 100 kilomètres de là. Et surtout ne rien oublier. Les cadeaux pour les cousines et cousins, pour toute la famille qui va enfin se retrouver et qui ne c’est pas vue depuis cet été.

La route, la pluie, le vent, la grêle. Nous sommes en hiver, il ne faut pas l’oublier. Alors prudemment on lève le pied. N’avons nous pas à protéger notre bien le plus précieux, nos enfants.

Et puis, dans la voiture, sur la route, les rires, la joie de Noël est là, toujours présente, bien au chaud malgré la froidure du dehors.

Soudain, en haut d’une côte, la fin de tout cela. 1 dixième de seconde qui fait basculer la vie de bonheur en horreur infini. En face de vous, des voitures disloquées, des bruits terrifiants se font entendre, une terreur qui vous saisit, une main qui vous serre le coeur, vous allez étouffer, vous ne pensez plus qu’à sauver la vie de ceux que vous aimez. Réactions, freinage, coups de volant instinctifs. Vous vous retrouvez dans un carambolage. Pas de blessés ? Non, ce n’est pas fini, d’autres voitures arrivent à une vitesse incroyable derrière vous. Vous les voyez dans le rétroviseur. Impuissants. Vous êtes immobilisés. Coincés dans cet enchevêtrement de véhicules démantibulés. Les enfants, les enfants !!! La seule et angoissante pensée. L’odeur, la fumée, les cris. Les gens qui commencent à se dégager des voitures et à s’éloigner en courant comme ils le peuvent avec eux aussi des enfants, des bébés. Le sang qui commence à se répandre sur la route. L’odeur âcre de ce sang qui se mélange à l’odeur de l’essence. Le regard hébété des enfants que vous continuez malgré tout à essayer de retirer de cet enfer.

La suite, je ne peux pas trop la raconter. Trop d’images, de sensations, la violence a dominé ces instants. Les pompiers, les ambulances, les heures d’attente dans le froid ou quelques minutes seulement.

Le bruit des instruments de désincarcérations pour les pauvres malheureux qui n’ont pu être sauvés.

Et aussi le bonheur égoïste de voir les siens indemnes près de soi. Et la honte de ce bonheur face aux pleurs de ceux qui ont perdu quelqu’un de cher.

Tout cela est indescriptible, horrible, comment expliquer cela à des enfants de 5 et 8 ans, comment maintenant les aider à ne pas faire des cauchemars toutes les nuits prochaines.

Cela c’est passé un matin de Noël en Bretagne, mais aurai très bien pu arriver chez chacun de vous.

Vous me direz peut-être pourquoi : « lettre aux assassins » ?

Assassin, celui qui roulait avec un taux d’alcoolémie supérieur à la moyenne. 0% d’alcool devrait être le seul taux autorisé.

Assassin, celui qui roulait à une vitesse largement supérieure à la moyenne sur une route mouillée et à moitié verglacée.

Assassin, celui qui roulait sans aucun respect du code de la route... en s’amusant à doubler par la droite et à faire du gymkhana entre des voitures.

Assassin, celui qui roulait avec une totale indifférence des autres vies humaines.

Assassin, celui qui à une arme entre les mains. Son volant. Et qui s’en fout éperdument.

Je ne veux même pas savoir quel est le genre de cet assassin. Cela n’y changera rien. Qu’il soit vivant ou parmi les victimes m’importe peu. Tout ce que je sais c’est que ma seule idée maintenant va être d’essayer de faire oublier cette journée à mes enfants.

Vous rendez-vous compte. Essayez de leur faire oublier un Noël...


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès