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Coriosolite 8 février 2018 18:23

Bonjour,

L’article est assez intéressant et le lien sur le point de vue policier est intéressant également et plutôt original.

Ceci dit l’article n’échappe pas aux travers habituels des évocations de Mai 68 : l’oubli de la grève ouvrière ou sa minoration par rapport aux aspects spectaculaires des émeutes étudiantes.

Je n’ai pas connu Mai 68 mais les anciens de ma famille, famille d’extraction populaire je précise, m’en ont souvent parlé.

En plus de ces témoignages, j’ai pas mal lu sur le sujet. Ce qui m’a frappé c’est le changement progressif du mode de perception de Mai 68.

Pendant les années 70, Mai 68 est perçu et relaté comme une révolte ouvrière et populaire. Ce qui est mis en avant c’est le refus massif et déterminé des ouvriers les plus jeunes des cadences de travail, de la soumission aux petits chefs, du taylorisme etc., en bref la contestation du travail industriel parcellisé et la perte du sens.

Cette révolte est largement documentée et analysée dans les années 70. Et Mai 68 reste la référence des luttes ouvrières qui suivent pendant une décennie, Mai 68 c’est ce qu’il faudrait refaire et mener à terme. Les héros ouvriers de l’époque sont ceux qui séquestrent leurs patrons, les LIP qui redémarrent leur usine sans le patron etc.

Ceci jusqu’aux années 80, qui marquent à mon avis une évolution nette de la perception et de la relation de Mai 68. A ce moment une partie des acteurs du mouvement étudiant a abandonné l’idéal révolutionnaire et rejoint la classe dirigeante, les groupes gauchistes sont en crise et les syndicats jouent la modération face au gouvernement de gauche.

Il devient gênant et malséant, voire dangereux de rappeler à la mémoire populaire que l’insurrection pacifique peut payer et que le pouvoir peut vaciller sous la pression populaire.

Alors Mai 68 devient peu à peu dans le récit « officiel » un combat sociétal plutôt que social. On valorise les changement légaux obtenus depuis dans le domaine des mœurs (je ne précise pas lesquels, c’est connu).

En même temps dès les années 80, les discours sur la crise économique, sur le réalisme, sur la nécessaire modération et la patience deviennent le mantra médiatico-politique, de gauche comme de droite. Votez bien et restez tranquilles, on s’occupe du reste.

Nul doute que les commémorations à venir resteront fidèles à cette représentation de Mai 68, une grande fête, un grand défoulement de la jeunesse, et passeront sous silence la formidable insurrection populaire.


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