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Christian Labrune Christian Labrune 22 mars 2018 12:10

A propos de la distinction entre antisémitisme et antisionisme, certains feraient bien d’essayer de comprendre cette analyse de Judea Pearl. Son fils Daniel avait été éorgé en février 2002 par des jihadistes qui ont filmé et diffusé cette scène atroce, notamment Khalid Cheikf Mohammed qui avouera plus tard avoir lui-même décapité et découpé en plusieurs morceaux le corps de Daniel Pearl. A la différence de beaucoup qui s’expriment sur cette page, Judea Pearl sait de quoi il parle.

Je recopie un texte dont on trouvera l’adresse en bas de page. Je mets en gras les passages les plus significatifs, vers la fin, sans supprimer le début qui sera quand même instructif pour ceux qui ne connaissent Israël que par ce qu’en disent des media français très peu informés en général, quand ils ne s’appliquent pas, sciemment, à désinformer.

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L’antisémitisme rejette les Juifs en tant que membres égaux de la race humaine.

L’antisionisme rejette Israël en tant que membre à part entière de la grande famille des nations.

Les Juifs sont-ils une nation ? De nombreux philosophes argueraient que les Juifs constituent d’abord un peuple et secondairement une religion. Par ailleurs, la narration de l’Exode et la vision de la traversée vers la terre de Canaan se sont imprimées dans l’esprit du peuple juif avant qu’il reçoive la Torah au Mont Sinaï. Mais, philosophie mise à part, la conviction partagée de leur éventuel rapatriement sur leur lieu de naissance historique a constitué le moteur alimentant la persévérance et les espérances juives à travers le périple tourmenté qui a commencé avec l’expulsion romaine en l’an 70.

Plus important : l’histoire partagée, et non la religion, est aujourd’hui la force unitaire primordiale qui est au principe de la société laïque, multi-ethnique d’Israël. La majorité de ses membres ne pratique pas les règles religieuses et ne croit pas à une transcendance divine, ni à la vie après la mort. La même chose s’applique au judaïsme américain, qui est, lui aussi, largement laïque. L’identification à un ethos historique commun, culminant dans la renaissance de l’Etat d’Israël, est le nœud central de la collectivité juive en Amérique.

Il existe, bien sûr, des Juifs qui sont non-sionistes et même antisionistes. Le culte ultra-orthodoxe des Neturei Karta et le culte gauchiste de Noam Shomsky en sont des exemples notoires. Le premier rejette toute tentative terrestre d’interférer avec le projet messianique de D.ieu, alors que le second déteste toutes les formes de nationalisme, et plus spécialement, celles qui réussissent.

Il y a aussi des Juifs qui trouvent difficile de défendre leur identité contre la perversité croissante de la propagande anti-israélienne, et qui, éventuellement cachent, renient ou dénoncent leurs racines juives, en leur préférant la reconnaissance sociale et autres commodités.

Mais ce sont là, au mieux, des minorités marginales ; les forces vives de l’identité juive, actuellement, se nourrissent de l’histoire juive et de ses dérivés naturels – l’Etat d’Israël, sa lutte pour la survie, ses réalisations culturelles et scientifiques et son inlassable quête de paix.

Selon cette approche de l’idée de nation juive, l’antisionisme est, de plusieurs manières, plus nocif que l’antisémitisme.

Premièrement, l’antisionisme prend pour cible la partie la plus vulnérable du peuple juif, précisément, la population juive d’Israël, dont la sécurité physique et la dignité personnelle dépendent, de façon cruciale, du maintien de la souveraineté d’Israël. Dit de manière brutale, le projet antisioniste d’en finir avec Israël condamne 5 millions et demi d’êtres humains, la plupart d’entre eux réfugiés ou enfants de réfugiés, à vivre éternellement sans défense dans une région où les incitations génocidaires ne sont pas rares.

Deuxièmement, les sociétés modernes ont développé des anticorps contre l’antisémitisme, mais pas contre l’antisionisme.  Aujourd’hui, les stéréotypes antisémites provoquent la répulsion chez la plupart des gens de conscience, alors que la rhétorique antisioniste est devenue un signe de sophistication académique et de reconnaissance sociale, dans certains cercles autorisés de l’université américaine et de l’élite médiatique. L’antisionisme se travestit sous la grande cape du débat politique, en s’exonérant du sens et des règles de la civilité, qui président au discours interreligieux, pour s’attaquer au symbole le plus cher de l’identité juive.

Finalement, la rhétorique antisioniste est un couteau planté dans le dos du camp de la paix israélien, qui soutient, de façon écrasante, la solution à deux Etats. Il donne aussi une crédibilité aux ennemis de la coexistence, qui proclament que l’éventuelle élimination d’Israël est l’objectif secret de tout Palestinien.

C’est l’antisionisme, dès lors, et non l’antisémitisme, qui constitue une menace existentielle bien plus dangereuse pour la vie, pour le triomphe historique de la justice et pour les efforts de paix au Moyen-Orient.

 Judea Pearl

    Professeur à l’UCLA (Université de Los Angeles) et Président de la Fondation Daniel Pearl.

    On trouvera le texte entier à cette page :

http://www.debriefing.org/28090.html


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