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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 30 mai 2018 17:01

@Gollum

Bon ça va nous faire une petite controverse ! Allons-y gaiment....

L’étymologie de passion renvoie à quelque chose que l’on subit, que l’on ne maîtrise pas ou mal et c’est en particulier tout ce qui relève des émotions.

C’est vrai que j’ai pris passion sous l’angle plus actuel, tout à la fois christique et moderne, qui signifie quelque chose à quoi on s’abandonne et qui nous emporte en quelque sorte.
D’où mon insistance sur le fait qu’il y a une forme de consentement et donc de soumission chez celui qui éprouve une passion pour quelque activité que ce soit. Il est complètement dans ce qu’il fait.

La passion est aussi souvent associée à la souffrance à cause de (je suppose) la Passion du Christ mais il n’y a rien là de nécessaire, ces deux notions ne se superposent pas, loin s’en faut.

Les passions, dans la mesure où elles traduisent une adhésion pleine et entière et un engagement vis-à-vis d’une réalité à laquelle on croit corps et âme, sont, de mon point de vue, le graal de la présence au monde.
Jésus ne disait-il pas je vomis les tièdes ? ça a du sens. Prétendre se tenir dans la pure rationalité est une illusion (cf. Damasio sur l’erreur de Descartes mais aussi, encore une fois, Kant.)

La question de la souffrance est certes importante mais il ne faut pas lui en faire trop dire. Tous ceux qui s’engagent dans une activté avec passion sont prêts à endurer des souffrances intolérables pour celui qui n’est pas pareillement « saisi ».

J’ai, par exemple, connu un élève de quatre ans qui se privait de boire, manger et aller aux toilettes pour continuer à jouer à sa console du matin jusqu’au soir. Il a fait ça deux mois, il avait des saignements de nez, tout ça, mais rien ne pouvait l’arrêter et pas ses parents en particulier.
Il ne pouvait pas ne pas « souffrir » au sens physiologique du terme et mais d’un point de vue psychologique, il transcendait cela par la satisfaction qu’il retirait de son activité.

On peut penser qu’il en va de même pour les drogués et si on y réfléchit bien, l’accouchement est une souffrance terrible mais les femmes qui ont, en conscience, fait le choix de passer par là, peuvent traverser cette expérience comme une véritable extase.
Encore une fois, la souffrance est physiologiquement présente mais l’acception pleine et entière change la nature de l’expérience et fait que, d’un point de vue psychologique, ce n’est pas ce qui est retenu.

En fait on peut penser que la souffrance vient d’un NON. La passion, quant à elle, est d’abord un OUI, un oui salvateur. Donc, je maintiens, la passion est du bon côté de la force.


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