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ERANOVA 6 juin 2018 17:59

@Zolko

Ah, ces sophistes… De grands enfants, n’en déplaise à Russel.

Pardon pour le ton légèrement condescendant de ma réplique (à fins purement pédagogiques, soyez-en assuré), mais s’il fallait faire nôtre votre propre assertion, en l’absence de la moindre preuve de votre intelligence — conséquence fâcheuse — nous considérerions a priori qu’elle n’existe tout simplement pas — non plus que l’esprit qui s’en croit doté. Une théière de Russel en quelque sorte. Tout effort, en somme, consistant à débattre avec vous, relèverait de la plus grande absurdité. 


En physique quantique, je me sais assez néophyte pour devoir rester à ma place, c’est-à-dire, aux côtés de toutes les goutte-la-science qui, munis seulement des cuillères de leur curiosité, ignorent certes les arcanes secrets des disciplines de haute volée, mais ne demandent qu’à goûter au savoir. Or, justement, humble contemplateur du génie d’autrui (je ne parle pas forcément de Russel), je ne m’en fais pas le contempteur, à votre différence.


Scène culte de Matrix : 

Le petit garçon doué de psychokinésie : « N’essaie pas de torde la cuillère, car c’est impossible. Tu dois essayer de te concentrer pour faire éclater la Vérité. 


– Néo : Quelle est la Vérité ?


- Le petit garçon : La cuillère n’existe pas,


–Néo : La cuillère n’existe pas…


– Le petit garçon … Et là, tu sauras que la seule chose qui se plie, ce n’est pas la cuillère ; c’est seulement ton reflet.

–néo : … "


Fort heureusement, tous les esprits ne se plient pas du côté dogmatique dont vous affectez d’être l’expert. Le mien consent, encore qu’avec une hauteur salutaire, à vous répondre : preuve que même quand il n’existe pas, il est doté d’une certaine mansuétude ; quoi que l’on puisse dire du vôtre. Il y a plus absurde.


Car enfin, réfléchissez : lorsque la Terre n’était pas encore prouvée comme étant oblongue  ; était-elle pour autant plate ? Vous ne pouvez sérieusement, même à l’altitude modeste d’où fusent vos objections, penser que notre planète fut discoïde, mais changea du tout au tout aussitôt que l’on fit la preuve qu’elle était autrement ! Si ? 


En dérivant de votre côté  ; celui où, en définitive, la forme de la Terre dépendrait surtout de la suprématie rhétorique de ceux qui la décrivent — la preuve, en science, est contextuelle, c’est-à-dire, d’une puissance relative et d’une portée susceptible d’être remise en cause et de résulter en un changement paradigmatique — , nous nous rendrions coupables d’une sacrée forfaiture : une science qui censure les nouvelles hypothèses n’est pas même une religion, quoiqu’amputée de toute véracité et de la moindre poésie (la vraie science n’en est pas du tout dépourvue sauf pour les terre-à-terre).


Mais pour commencer, il n’est pas plus légitime, pour quiconque, en l’absence de preuve, de déclarer qu’une théorie est fausse a priori, que d’avancer le contraire. On se doit d’ailleurs, si l’on ne s’en tient qu’à des preuves, de les exiger de tous les points de vue. C’est tout l’intérêt [et la limite] de la démarche dite de la « Science » [entendu que des sciences, il y en a de bien des sortes, en bien des lieux étrangers à notre civilisation], à ne pas confondre , en dépit de la ressemblance que je viens de dire, avec une démarche juridique. Car, pour votre édification, la présomption d’innocence n’a pour fonction que de geler temporairement le statut de celui qui est soumis à instruction [vu que les effets d’une décision de justice sur sa personne sont rarement réversibles et en considération de l’injustice que constituerait un jugement hâtif] : mais, point d’interdire l’instruction ou même l’accusation ! 


Il n’y a, enfin, pas de quoi rester coi, serait-ce devant un Russel ou même, un Einstein. Après tout, ce dernier n’avait-il, pour un parterre d’experts, promulgué sa théorie de la relativité sans d’abord être en mesure d’aller jusqu’au bout d’une démonstration (qui n’était — faut-il le rappeler ? — qu’une fraction des résultats de Henri Poincaré et de Lorenz, qu’il avait lus, mais guère cités [le coquin !]) ? On le crut donc sur parole, la preuve de son innocence, en toute présomption de celle-ci, ayant dû attendre quelque lendemain que, malheureusement Poincaré ne put attendre (mais en avait-il besoin ?)…


On le voit nettement ici : « comparaison n’est pas raison ». Dépêchons-nous donc d’oublier celle que vous avez commise quelque part, entre le processus épistémologique et la démarche judiciaire. 


Voilà, à votre décharge, par vous posé superbement, non seulement le problème de la pertinence de toute théorie nouvelle face à une doxa et la fragilité des preuves antérieures quand survient un changement de paradigme, mais encore celui de la définition du « vrai ». 


À cet égard, je vous recommande chez n’importe quel bon libraire, l’essai de Marcel DÉTIENNE : « Les maîtres de vérité dans la Grèce archaïque ».


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