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Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 13 juin 2018 12:02

Dans son roman de guerre autobiographique, Henri Barbusse décrit lui aussi la dévastation des arbres : « Les grands peupliers de bordure sont fracassés, les troncs déchiquetés ; à un endroit, c’est une colonnade énorme d’arbres cassés. Puis, nous accompagnant, de chaque côté, dans l’ombre, on aperçoit des fantômes nabots d’arbres, fendus en palmiers ou tout bousillés et embrouillés en charpie de bois, en ficelle, repliés sur eux-mêmes et comme agenouillés » (Barbusse, 1915).

Scientifiques, militaires, écrivains soldats, tous évoquent un paysage de grande désolation dans lequel l’arbre, personnifié, est une victime, un mutilé de guerre.

 « Entre les cadavres émouvants de grands sapins et des hêtres, qui ne reverdiront plus, grandiront les pousses nouvelles. Les feuilles combleront d’humus les trous creusés par les bombardements. La vivante nature ne permettra point que cette montagne conserve le témoignage durable des risques que nous y aurons courus » (Lintier, 1917).

Paul Lintier écrit ces lignes en 1916, peu avant d’être tué par un éclat d’obus.

« Les pousses nouvelles » qu’il imagine sont prédites ou même observées par les naturalistes de l’époque.

Un article de la Revue Scientifique explique, dès 1915, que les bouleversements de terrain causés par la guerre pourront créer des conditions favorables à la croissance des arbres : « abris contre le vent, ombrages contre l’ardeur du soleil, retenues pour le ruissellement des eaux ».

En 1918, la Revue générale des sciences pures et appliquées publie les observations du botaniste anglais Arthur William Hill alors capitaine de l’armée britannique. Ravagé par les combats de l’été et l’automne 1916, le sol des champs de bataille de la Somme a été dispersé, mis à nu et désintégré. Cette désintégration, associée aux effets de la pluie, de la neige et du gel a permis au calcaire et à l’ancienne couche de terre arable de se mélanger et de former une nouvelle superficie. A l’été 1917 (été suivant la bataille), le sol se couvre d’une masse importante de végétation : anciennes plantes cultivées (« il y avait eu là un jardin »), camomilles, ravenelles jaunes, pieds d’alouette, bleuets, myosotis, épilobes à feuilles étroites et coquelicots. « En juillet, les coquelicots dominaient et le coup d’oeil était superbe : un manteau écarlate non interrompu par des arbres ou des haies ».


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