Il y a longtemps
qu’il n’y a plus guère de Turcs à croire à une entrée dans
l’Europe.
L’opposition à
cette entrée était déjà un bon argument populiste au tournant du
siècle quand la Commission simulait des contacts qui, en réalité,
étaient autant de manœuvres dilatoires.
Cela n’empêchait
pas des politiciens de bas étage de surfer sur la défense de
valeurs qu’ils étaient les premiers à transgresser pour nourrir
un sentiment anti-turc avant d’étendre leur combat à l’Islam en
général.
On a les combats
qu’on peut surtout quand ils peuvent être menés à bien
sans problème parce qu’en fait tout le monde ( y compris donc la Turquie )
était conscient du jeu de dupes qu’étaient ces pourparlers.
Les Turcs qui sont
des gens intelligents se sont servis des discussions préliminaires ?
à l’entrée au sein de la Communauté européenne pour faire
passer un certain nombre de réformes dans la pays. Sans cet argument
qui a semblé un moment faire mouche dans la population la
modernisation du pays aurait été plus difficile à atteindre.
Aujourd’hui n’en
déplaise à ceux qui préfèrent regarder le doigt que la lune, la
Turquie est un pays dont beaucoup de régions sont modernes.
Qu’il subsiste des
îlots arriérés par ci par là ne doit pas occulter le fait de
cette modernisation qui s’est inscrite pleinement dans la grande
structuration en cours du partage du travail qui est la marque de la
mondialisation.
Aujourd’hui la
Turquie renaît, que cela plaise ou non et personnellement il me
déplaît que ce soit sous la houlette d’Erdogan, tandis que
l’Europe des 22 dessèche sur pied, n’en finit pas de se prendre
les pieds dans le tapis de ses contradictions, peine à développer
quelque politique commune que ce soit, ne parvient même plus à
imposer son code de déontologie à ceux qui prennent des libertés
avec la philosophie même qui a présidé à la confection de l’Union
Européenne.
L’Europe des pères
fondateurs est maintenant vraiment dans la naphtaline, elle étouffe
non sous le poids des migrants dont l’apport aurait pu être
positif mais asphyxiée par ses propres collapsus répétés et, il
faut le craindre, insolubles.
L’Europe n’a pas
besoin de la Turquie pour mourir, l’incompétence de ses dirigeants
y suffit largement.