Je partage la liesse
de ces populations qui ont par ailleurs bien peu de motifs de l’extérioriser
dans leur vie quotidienne : j’y vois une forme d’exorcisme.
Unis quelles que soient la couleur de peau, les convictions
philosophiques, sachant cependant qu’il y en avait une qui était
absente, celle qui se gargarise d’identité à gorge déployée et
qu’insupporte la mixité sociale et raciale même dans une équipe
de vainqueurs qui porte haut les couleurs de son attachement à la
république et, ce qui est nouveau, le fait savoir.
Les
ronchons, les grincheux de service ont déjà abondamment commenté
sur ce fil les minables incidents qui ont émaillé les débordements
de joie, l’attente fut longue, l’alcool a coulé à flots et
certains l’ont violent quand d’autres sombrent dans le romantisme
sans compter les habituels casseurs qu’attire n’importe quelle
manifestation d’importance.
Les zélateurs de
l’Extrême-Droite – qui n’ont jamais eu l’amour de la
république chevillé au cœur
bien que leur bouche clamât le contraire – ont vu dans ces faits
divers anodins une nouvelle preuve de la fracture communautaire de la
France.
Comme quoi le diable
va se nicher dans des détails qu’ils sont les seuls à relever à
l’usage de ceux qui s’en délectent pour ressasser leur rancœur.
Bien sûr, les
problèmes subsistent et Macron ne s’est pas converti à la
philanthropie sociale pour les classes subalternes qui vont continuer
à payer l’essentiel de la crise du capitalisme et leur désespoir
ne sera pas atténué par ce simple moment de liesse. La gueule de
bois à laquelle ils sont habitués depuis des décennies ne va pas
se dissiper et, passés les émois que la victoire de l’équipe de
France a bien voulu éveiller en eux, la réalité reviendra,
toujours aussi sinistre, lourde de ces menaces qu’un jour de fête
ne peut dissiper par miracle.
Quand la France se
tourne vers la lune de l’exploit, d’autres focalisent à dessein
sur le doigt qui insiste sur des incidents qui ne sont que des
détails futiles qui accompagnent toutes les grandes manifestations
populaires.
Il y a des
professionnels de la chienlit, on les connaît et il faudrait des
mesures contraignantes à l’image du dispositif qui a permis à la
Russie de Poutine de démontrer que son pays n’était le foutoir
que l’on dépeignait avec complaisance dans les médias
occidentaux.
Des personnes de
retour de Russie m’ont témoigné la chaleur de l’accueil du peuple
russe.